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Critique de SophieChalandre


Comment l'Histoire peut se raconter ? C'est la principale interrogation posée par Homero Aridjis dans cet ambitieux roman, optant pour la narration subjective d'une fiction aux accents autobiographiques : c'est le "je" qui témoigne d'une période historique essentielle de l'Espagne, 1391-1492, permettant à l'auteur d'introduire de facto une vision critique des événements.
Dans ce dialogue entre littérature et Histoire, "1492" propose une vision alternative à L Histoire officielle, redonnant à cette date charnière pour l'ancien monde (puis pour le nouveau monde dans son roman suivant) un renouveau historique d'une vitalité intellectuelle inouïe.

"1492" retrace l'itinéraire de Juan Cabezón de Castille, juif converti en quête de sa bien-aimée également "conversa", au travers d'une Espagne violemment tourmentée par l'Inquisition et marquée par la persécution des Juifs.
Homero Aridjis joue talentueusement avec les ambivalences d'identité : les Juifs d'hier se font nouveaux Chrétiens, l'Espagne plurielle d'avant devient univoque dans tous ses aspects, et l'auteur les oppose dans un duel continu et passionnant : mémoire officielle contre mémoire vécue, chrétiens contre juifs, dominants contre marginalisés.

Aridjis, dont toute l'oeuvre est marquée par le syncrétisme, sous tend dans ce roman un appel à l'ouverture d'esprit et à la coexistence des différences.
- (A noter que la persécutions des Juifs et Marranes d'Espagne ne peut pas être comparée à la Shoah, il n'y a aucune visée raciale génocidaire dans l'Espagne de 1492 ni théorisation d'extermination, il serait inconvenant d'établir un tel parallèle. Bavajadas !). -

Enfin, je n'ai pu m'empêcher de rapprocher ce livre "1492" de l'itinéraire du héros flamboyant des Marranes, Antonio Enríquez Gómez et sa sublime Romance al divin martir ; et également de songer aux Perez de Ariza y Sevillano de Guzman, marranes restés en Espagne pour ne la quitter qu'au moment des guerres napoléoniennes, pour la France, emmenant avec eux leurs berceuses en djudeo-espanyol. Même hors d'Espagne et des siècles plus tard, Ley nos kedo.
Lien : https://tandisquemoiquatrenu..
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