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Critique de ged7fr


J'aurais mis le temps à lire ce classique de la philosophie. Il y a deux raisons à cela. La première était que je voulais le lire lentement pour pouvoir avoir le temps de méditer dessus. La seconde est que son caractère répétitif et méticuleux est, comment dire, ennuyeux.


Il est certains que Aristote étudie chaque concept avec minutie et sous tous les angles. Et parfois on a plus l'impression que son oeuvre relève de la création d'un dictionnaire, donner les bonnes définitions aux mots qui doivent décrire des concepts, que de philosophie. Il est plus que probable qu'il tente de manière systématique de mettre de l'ordre dans les idées de son temps. Aristote est un naturaliste de la pensée : classer, nommer puis décrire (ou l'inverse).


Ce sont donc des textes très long. Je n'imagine pas le prix du papyrus à l'époque. A force sa pensée devient une sorte de mélodie où on reconnaît des structures qui reviennent assez régulièrement. Je pourrais appeler cela des « méta-idées », des modèles d'analyse et de description des idées. Un exemple d'une méta-idée récurrente : à toutes choses « mesurables » ou « ordonnables » il y a un « moins », un manque, un peu, un défaut, un « hypo », et un « plus », un beaucoup, un excès, un « hyper », et entre les deux un « milieu », un suffisant, un « équilibre ». Toutes les notions sont passées par ce crible.


Appliquer à l'éthique, et ce que j'en retient pour mon bénéfice, est que la vertu (la recherche du « bien ») est un équilibre entre le peu et le trop : la satiété entre la diète et la gloutonnerie. La vertu est désirable et désiré car elle permet d'apporter la satisfaction dans sa vie, des plaisirs (mesurés) et le bonheur.


La vertu peu s'apprendre, par l'exercice quotidien, par l'experience, l'introspection raisonnée, l'apprentissage du vrai (la science au sens savoir le vrai, la réalité). Avec ce savoir qui s'accumule, et sa discipline, nous saurons reconnaître le bien et bénéficier de ce bien.


Il fait aussi une théorie de l'amitié (qu'il serait bien d'être enseigné dès le plus jeune âge, afin d'être plus lucide). En résumé, Aristote distingue l'amitié par intérêt, l'amitié par sympathie et l'amitié association (la vrai amitié) [la traduction de Saint-Hilaire que j'ai lu n'utilise pas tout à fait ces termes : j'ai choisi des termes un peu plus moderne]. Si Aristote avait été l'Asimov de l'antiquité : il aurait pu écrire une saga du style « les robots » avec ses propres « trois lois de l'amitié » et toutes ses conséquences surprenantes et paradoxales.


Dans son étude de l'amitié, il aborde un cas de figure qui a beaucoup résonné en moi : l'amitié de soi-même, s'aimer soi-même. Il dit que l'être vertueux ne peu qu'être ami avec lui-même : heureux et fière de contribuer au bien commun et à son bien. Il ne dit pas qu'il faut s'aimer soi ou contribuer à son bien propre au dépens des autres (ce qui est la vrai définition de l'orgueil), mais que son action pour le bien des autres ne peu qu'apporter le sentiment heureux du « bien accompli ».


Je me suis remémoré un événement de ma vie enfant. A l'époque, les cours de catéchisme étaient obligatoires (oui, on ne vie pas dans un monde parfait, pas même dans le passé - ce n'était pas mieux avant). le prêtre m'avait demandé devant mes camarades si je faisais de bonnes actions. Je n'étais certes pas un saint, mais j'avais le sens du partage et de la compassion avec mes camarades et mon entourage. J'ai donc exprimé avec fierté que je le pensais. Il m'a alors rétorqué que c'était un grand péché que celui de l'orgueil. Car dans le sens religieux (chrétien) croire pouvoir faire le bien aussi bien que Dieu, son égal, indépendamment de lui, est une mauvaise pensée, pire un péché mortel.


Je n'étais pas foncièrement croyant à l'époque, mais le contexte et l'entourage constituaient une forte pression (j'ai même été servant de messe, plus pour faire sonner les cloches de l'église que pour adorer une statue en bois sur une croix). Mais la remarque du prêtre m'a laissé dans un abimes de perplexité : comment faire le bien et ne pas tirer une satisfaction personnelle. Je ne demandais pas un intérêt, un paiement en bonbons, pour chacune de mes bonnes actions. Je voulais seulement éprouver de la satisfaction à apporter plaisir ou réconfort à un semblable. Si je devais éprouver de la culpabilité pour mes mauvaise actions, mes disputes, mes moqueries ou mes coups de poings, pourquoi devrais-je rien éprouver quand je faisais le bien, voire culpabiliser et me détester si j'éprouvais cette satisfaction. Certes du haut de mes 10 ans, je ne rationalisais pas encore autant, mais je sentais qu'il y avait une tromperie.


Avec les années, j'ai pu que ne confirmer cette conviction profonde que la religion, vendant le bien et le bonheur, n'enseignait que la peur et la détestation de soi. Elle ne veut pas des gens libre (de penser) qui peuvent construire avec raison les conditions de leur bonheur. Elle veut de la soumission.


Je crois fermement qu'Aristote n'aurait jamais accepté d'être chrétien, ou de se soumettre à la volonté d'une quelconque religion (d'ailleurs ne dû t'il pas faire Athènes sous la menace d'une accusation d'impiété). Il voulait des gens libre de penser et d'agir, muni d'une éthique pour vivre dans une communauté.

Bel leçon Aristote, mais tu aurais pu être plus synthétique…
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