Une torture à lire.
Je me suis surprise plus d'une fois à lever les yeux au ciel, à refermer le livre par exaspération, et à rechigner à le terminer. Mais c'est quand même 20 balles dans ce pavé !
J'ai déjà essayé un livre de cette autrice, "Obsidienne" et je n'arrive pas à croire ce que je vais dire : je ne vois aucune différence. Il n'y a aucune progression dans son style d'écriture, aucune nouveauté, c'est du papier mâché réchauffé et resservi pour la énième fois dans la même assiette en carton.
Le Sang et la Cendre a pourtant une intrigue avec du potentiel, un développement qui aurait mérité d'être vraiment exploité et pas qu'en surface comme publié ici !
Les seuls points positifs que j'ai relevé se comptent sur les doigts d'une seule main (avec un doigt en moins) : seule une personne ose dire que la situation de Poppy est digne d'une séquestration et le personnage du duc de Mazeen est tellement bien décrit que je l'ai réellement détesté pour son sadisme et son abus de pouvoir.
Tout au long du livre, l'autrice s'évertue à maintenir un langage correct, sans insultes, et c'est le drame après la moitié du livre, quand le personnage de Hawke fait l'énumération des mots parlant de l'anatomie masculine, à coup de, je cite "bite, queue, chibre..." ce dont je me serais bien passée. C'est vulgaire, ça n'a aucun sens avec la manière de parler des personnages, clairement c'est gratuit. Et le plus incohérent, c'est qu'il dit ces termes à Poppy, c'est-à-dire la Pucelle, l'Élue en qui le peuple place ses espoirs. Vous voyez le problème ?
Et mon Dieu que
Jennifer L. Armentrout en fait du remplissage ! Les chapitres auraient pu être raccourcis, je commençais à m'ennuyer quand ça dépassait les cinq pages parce qu'on est constamment dans la tête de Poppy et c'est chiant. Parce que Poppy, bah elle radote, elle dit tout et son contraire, elle se donne une personnalité qui ne correspond pas à ce qu'elle est. Voilà, on est dans la tête d'une adolescente privée de ses libertés (mais pas trop quand même parce que sinon on se fait vraiment chier) qui n'est pas intéressante et qui n'a d'yeux que pour un homme dont elle n'a pas le droit de tomber amoureuse, bla bla bla... La nana de seize ou dix-sept ans dont le destin incroyable se résume à ne jamais être touchée par un homme jusqu'à son sacrifice mais dont les pensées sont constamment tourné vers un beau gosse dont elle ne connaît seulement le physique (parce qu'il est beau vous comprenez). C'est d'un cliché !
Bien, parlons des points négatifs parce que bon Dieu qu'il y en a dans cette pseudo fantasy !
Premier point : sur la quatrième de couverture, Poppy est "recluse". Et il me semble que lorsqu'on est reclus, c'est qu'on est retiré du monde, isolé de l'extérieur, enfermé. Alors POURQUOI dès le premier chapitre, Poppy est dans un bordel ?! POURQUOI Poppy peut avoir une amie si elle personne n'a le droit de la toucher ni de lui parler ?! Elle a des interactions avec tellement de gens, et elle est exposée lors des doléances alors qu'elle est censée être recluse !! Il faudrait penser à se relire quand on écrit un livre Mme Armentrout !
Deuxième point : choisie comme Pucelle par les Dieux (et les Élevés) par son pouvoir, elle songe dès le premier chapitre à coucher avec un type qu'elle connaît seulement de nom sous prétexte qu'il lui fait de l'effet. Ce même mec (ici Hawke) qui la confond avec la prostituée qu'il a l'habitude de fréquenter parce qu'elle porte les mêmes vêtements que ladite femme de joie. D'ailleurs, quand il comprend que ce n'est pas sa péripatéticienne quotidienne, ça ne l'empêche pas de lui sauter dessus.
Troisième point : elle est tellement recluse, coupée du monde extérieure, qu'elle a le temps de se lier d'amitié avec sa dame de compagnie, de se faire agresser sexuellement et menacer de sévices physiques par le duc de Mazeen (aka le mec immortel sadique que je déteste tellement il est bien écrit), elle assiste aux premières loges de la mort d'un de ses gardes, elle est menacée par l'assassin du garde en question et qu'elle a appris à se battre alors que c'est interdit pour la Pucelle de faire quoi que ce soit d'autre que de se cacher.
Quatrième point : soit-disant selon la quatrième de couverture, elle ne peut pas être regardée, mais expliquez moi POURQUOI elle est aussi exposée si on n'a pas le droit de la regarder ? Littéralement TOUT LE MONDE la voit ! Et ce dès le premier chapitre, dans le bordel. Ah ça, pour de l'incohérence, l'autrice tape dans le mille !
Cinquième point : Expliquez-moi pourquoi son garde personnel (et accessoirement père de substitution) Vikter, qui la entraîné à se battre, ne lève pas le moindre petit doigt quand elle est malmenée ? Ce même garde tant respecté par ses pairs et redoutable sur le champ de bataille.
Sixième point : Poppy n'a pas le droit d'être touchée, mais
elle est battue par le Seigneur Teerman, par le duc Mazeen, sa copine Tawny peut lui brosser les cheveux, Hawke ne se gêne pas pour l'embrasser dès les premières pages, et elle prend même Vikter dans ses bras LA COHÉRENCE BON SANG !
Septième point : Poppy a interdiction de se servir de ses pouvoirs. Alors POURQUOI les rumeurs circulant sur ses dons ne parviennent jamais aux oreilles des Élevés ? Ils ont une surdité sélective ?
Huitième point : L'univers fantasy passe complètement à la trappe, on sait seulement ce que Poppy a appris, on a très peu d'interaction avec la magie en dehors de celle de "l'héroïne" (ce n'est même pas une héroïne, c'est un personnage qui subit). L'autrice se contente de nous donner des miettes et c'est agaçant, parce qu'à aucun moment on ne profite réellement de l'univers fantaisiste qu'elle a construit, on a juste des bribes, des échanges entre les personnages sur les Voraces et sur le passé.
Neuvième point : "Le Seigneur des Ténèbres" ? Sérieusement ? La seule image que j'ai en entendant ce nom c'est Voldemort et c'est vraiment pas top quand on parle ici d'un prince horriblement méchant. En plus, l'identité de ce personnage est prévisible, on comprend assez vite qu'il s'agit de Hawke. Wouah, quelle originalité ! C'est un sarcasme.
Parlons maintenant du personnage de Poppy, qui m'emmerde profondément dans ce bouquin. Elle n'a rien pour elle la majorité du temps, ses pensées tournent en boucle, les dialogues qu'elle a sont pas terribles, elle est constamment infantilisée et ne prouve son courage bien tard, lorsque le château est attaqué par la Brume. Mais une scène crève le bouquin, c'est quand elle perd Vikter et qu'elle se déchaîne contre l'un de ses bourreaux. Là, j'ai aimé la voir en colère, perdre totalement le contrôle de l'être pur qu'elle est censée être ! Il n'y a pas à dire, cette scène m'a retourné, j'ai même été soulagé de ne pas être son adversaire, car Poppy n'est pas seulement courageuse, elle décide d'elle-même de mettre un terme à toutes les interdictions absurdes qu'on lui impose et auxquelles elle n'a eu d'autres choix que de se plier. Mais Jennifer L. Armentrout aime apparemment la facilité scénaristique puisque Poppy redevient rapidement un objet, l'ombre d'elle-même et cette fois, son possesseur n'est autre que l'homme qu'elle aime. Hawke lui a menti, la trahit de la pire des manières, la rendu volontairement impure aux yeux des Dieux par pur égoïsme, et Poppy retombe dans ses bras. Elle devient une monnaie d'échange, un outil visant à "rétablir une vérité" qu'elle croit aussi facilement que les enfants au Père Noël.
Quant à Hawke, eh bien, le seul point positif à dire sur ce personnage, c'est qu'il est le seul à s'insurger du sort de Poppy en tant que Pucelle. Elle est tellement cruche que c'est lui qui lui fait prendre conscience que sa situation craint, qu'elle n'est rien de plus qu'un outil dont les Élevés se servent pour excuser bon nombre d'évènements horribles. Cet enfoiré de Hawke qui se sert à son tour d'elle, sous couvert de sentiments forts pour elle et de peur de la perdre (bah oui, il lui ment et la trahit parce qu'il est amoureux, qui ne l'a jamais fait ?). Ce n'est pas de l'amour, c'est de la possession, de la manipulation et de la séquestration. Il libère Poppy de ses chaînes, de la maltraitance et de l'abus de pouvoir, pour l'enchaîner et abuser des sentiments qu'elle ressent pour lui, avec pour excuse qu'il fait ça pour la bonne cause. de la pure perversion qui ne me donne vraiment pas envie de lire la suite.
La fin de long pavé ne m'a pas laissé sur le cul, je l'ai trouvé nulle, sans grand intérêt pour poursuivre cette lecture. Je ne veux pas en savoir plus sur cet univers pas développé, dont les personnages sont aussi profonds que la gentillesse du duc de Mazeen. Non franchement, je suis outrée qu'un tel livre ait pu sortir alors qu'il y avait encore du boulot à faire ! Et les messages que l'autrice véhiculent sont infames, parce qu'ils ne dénoncent pas les abus de Poppy, c'est un cercle vicieux dont cette pauvre fille naïve est l'éternelle victime.