On émergea dans une pièce humide et sombre qui dégageait une puanteur indescriptible.
— Du guano, dit Trsiel en réponse à mes haut-le-cœur. (Comme je le regardais d’un air interdit, il traduisit :) Des excréments de chauve-souris.
— Ça porte un nom spécial ? Je me demande bien pourquoi ça n’est jamais entré dans mon vocabulaire. Pourquoi est-ce qu’il y aurait du guano…
Je m’arrêtai lorsque mon cerveau produisit un déclic logique. Là où il y a des excréments de chauve-souris, il doit y avoir… Je levai les yeux, très haut, et vis des rangées de petits corps suspendus au plafond. Je frissonnai et m’entourai la poitrine des deux bras.
Trsiel sourit.
— Vous êtes prête à ravir une épée brûlante à un ange, mais vous avez peur des chauves-souris ?
— Je n’en ai pas peur. Je ne les aime pas, c’est tout. Elles ont… des poils. Les créatures qui volent ne devraient pas être poilues. Ce n’est pas normal. Si je rencontre un jour le Créateur, je lui en toucherai deux mots.
Trsiel éclata de rire.
— J’aimerais bien voir ça. Votre unique chance d’obtenir la réponse à toutes les questions de l’univers, et vous lui demanderez : « Pourquoi les chauves-souris ont-elles des poils ? »
— Mais oui. Vous verrez bien.
Je fermai les yeux et me changeai pour enfiler une tenue entièrement noire - col roulé, jean moulant, blouson court de motard, bottes montant aux genoux. Quitte à rôder dans les cimetières, autant le faire avec classe.
Comme elles n'en reparlaient plus, je croyais qu'elles avaient oublié. A d'autres. Les Parques se rappellent ce que Noé a pris au petit déjeuner le matin du Déluge.