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Critique de paulmaugendre


Georges-Jean Arnaud, le maître français de la littérature populaire sous toutes ses formes, a peut-être ressenti le besoin d'une pause dans sa production romanesque, de se renouveler, de rechercher un second souffle après avoir écrit des centaines d'ouvrages d'espionnage, policiers, historiques ou érotiques. le besoin de retrouver ses racines, de se ressourcer, d'effectuer une pause familiale.

Catalogué Roman, cet ouvrage est tout autant un récit qu'une biographie. En dévoilant une tranche de vie, celle de son grand-père, Planou, Georges-Jean Arnaud démontre, si besoin en était, qu'il est un grand auteur mais aussi et surtout un conteur.

De l'enfance de Planou, jusqu'au moment où celui-ci quitte les siens à tout jamais, en passant par l'adolescence et les différentes étapes de la maturité d'un être humain, cet histoire est également un hommage à toute une région et à ses habitants. A travers les petits faits de la vie quotidienne, de la senteur du tomata, ou sauce tomate, qui s'écoule inexorablement, mais aussi du bouleversement économique et politique qui peu à peu va gagner les Corbières, le lecteur assiste à la transformation d'un mode de vie, d'un état d'esprit qui accompagne les années d'espérance, de joie, de souffrance d'un homme mais aussi d'une région qui, loin de la capitale, perçoit les contrecoups d'une révolution industrielle et politique, par à-coups et parfois sans comprendre ce qui arrive.

De la défaite de Sedan en 1870, à la Commune qui va enflammer les Parisiens, une mutation s'opère alors dans les esprits et les moeurs d'alors. Beaucoup restent monarchistes dans l'âme. Seuls quelques ouvriers, les prolétaires comme ils se définissent, définition employée par certaines personnes en forme d'insulte, et les adolescents font de l'oeil à cette République nouvelle, épousant l'idéologie socialiste et parfois anticléricale.

Plus encore que les idées et les conflits politiques, le phylloxera, la maladie de la vigne, et les sucriers-betteraviers vont déstabiliser l'économie de cette région. Déjà à cette époque le vin n'était pas toujours en provenance directe du raisin !

Planou restera un rêveur, un dilettante, et échouera dans les diverses entreprises qu'il créera, tout en gardant enfoui au plus profond de lui-même, en son coeur, l'amour de la liberté. A quatre ans, en 1870, il était persuadé que les moulins moulinaient les nuages afin d'en extraire de l'eau, cette eau bienfaisante. Et peut-être qu'à sa mort, il le croyait encore.

Honorine, qui a onze ans était déjà amoureuse de Planou et l'épousera à l'âge de dix-huit ans, sera toujours pragmatique et verra le côté pratique des choses, mettra toute son énergie et ses réserves dans l'accomplissement de son but : tenir un restaurant, frustrant souvent sa famille lorsque la chère se fait maigre, au profit de ses clients.

Georges-Jean Arnaud est un grand conteur et en relatant l'histoire de son grand-père, il retrouve certains des automatismes de l'écriture du grand romancier populaire qu'il est devenu au fil des ans et des quelques quatre cents titres et plus écrits sous divers pseudonymes.

Dans ce récit romancé apparait en filigrane tout l'art du suspense et de l'angoisse qu'Arnaud sait si bien manier, par exemple en campant le personnage de l'Espagnol, personnage qui apparait et disparait au gré des chapitres et des conversations enfantines. Les têtes de chapitres elles-mêmes invitent à la lecture : Les mystérieux voyages du père de Planou, Les inconnus dans le grenier de l'écurie, le brasier infernal, le corbillard fantasque, et bien d'autres.

Ceux qui ne connaissaient pas Georges-Jean Arnaud auront pu découvrir, en suivant l'émission Apostrophes de Bernard Pivot le vendredi 13 mai 1988, un homme simple, sincère, timide et pudique, face à des auteurs tels que Jean-Edern Hallier ou Philippe Sollers, mais également un homme passionné et passionnant par ce qu'il avait à dire et à écrire, le tout conté avec l'accent rocailleux des enfants des Corbières.
Lien : http://leslecturesdelonclepa..
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