- C'est quoi son problème ?
- A qui ? s'étonne Ethan.
- A la mort.
Mon ami réfléchit quelques instants avant de m'annoncer :
- Je crois que la vie et la mort étaient autrefois deux amantes inséparables. Mais il y a eu divorce et, depuis, chacune essaie d'obtenir notre garde. Si tu veux mon avis, la mort s'en sort mieux que son ex !
(P 210)
Le ciel s’étend en un dégradé de rose et d’or. L’aube est là, prête à se transformer en un jour magnifique, comme pour me narguer. Il a beau faire soleil, il pleut en moi. C’est même carrément la tempête ! J’éprouve bien trop de choses ce matin : un vent de regrets, des trombes de chagrin, un ouragan d’amertume, un alizé de nostalgie. J’ai l’impression d’être un nouvel élève dans cette énorme classe qu’est le monde. (P 178)
Sous le clair d’une lune pleine et rousse, Shamès se coud patiemment les lèvres. Son reflet dans l’eau fait la même chose, et je me demande si ce Shamès-là est heureux. C’est super bizarre comme pensée, mais je trouve la scène magnifique. Une fois de retour à Hard, je l’immortaliserai sur une toile. J’intitulerai le tableau : Le silence coud la nuit.
Je crois que la vie et la mort étaient autrefois deux amantes inséparables. Mais il y a eu divorce et, depuis, chacune essaie d'obtenir notre garde. Si tu veux mon avis, la mort s'en sort mieux que son ex.
Le coeur, c'est faible. Un sentiment de travers et hop, il se pète. Une coupure et bam, il s'arrête. Tu parles d'un muscle...
- C'est serré comme tout !
- Pas serré, moulant, me corrige Jeanne en agitant une énorme aiguille sous mon nez.
- Ouais bah le problème est le même. Comment je vais pisser ?
- Dylan, ton langage ! me réprimande maman.
- Je voulais dire, comment vais-je m'y prendre pour mes besoins naturels ?
Maman et Jeanne soupirent en chœur sans me répondre. Elles me croient en train de faire le pitre, mais c'est une vraie question qui m'angoisse !
- Qu'on me rende mon sarouel et qu'on brûle cette tunique qui m'écrase les pecs !
- Dylan !
- Mais maman...
- C'est la tenue traditionnelle de combat. [...] Ce cuir, c'est l'étendard des Hard. Poursuit-elle. Il faut le porter la tête haute ! C'est notre signature, notre hymne, le clan que nous défendons et chérissons.
- D'accord mais... Comment diable vais-je pisser ?
(P 167-168)
Moi, j’ai toujours dit que les glaçons et les braises faisaient de beaux bébés.
Lui, l'oeuvre d'art, a un brouillon pour fils cadet.
Pour le moment je suis une virgule. Celle qui saute de mots en mots pour éviter que le point final ne se pose. Le point final de ma vie.
J'ai ce sentiment d'être un boulon de trop dans l'engrenage qu'est le monde. Vous vous rendez compte que la Terre tourne très bien sans vous. Que la musique continue. Que vous n'êtes qu'une nuisance.