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Critique de Kalgan


Quelle fin magnifique ! Asimov ne pouvait pas mieux achever l'une des ses plus grandes oeuvres: le Cycle des Robots. Et pour une fois Asimov peut ajouter les étiquettes « action » et « émotion » à sa palette narrative, au coté de « suspens » et « génie ». Il rend ce final des plus beau non seulement grâce à la construction d'une intrigue à plusieurs niveaux mais aussi avec un récit qui a beaucoup plus de relief que les précédents (nombreux retours en arrière, dialogues parallèles, implication de tous les personnages et un certain aspect sentimental). Il apporte un nouvel angle d'approche à la lecture de ses livres. Il a su se renouveler, dans son écriture, ses intrigues, l'enjeu de son histoire et achève parfaitement le lien entre le Cycle des Robots et le Cycle de Fondation qu'il avait progressivement tisser lors des derniers livres.

Dès les premières lignes du roman, Asimov a le don de nous plonger dans la magie de son monde et de son envoutant univers. Environ 200 ans après la fin du précédent tome « Les Robots de l'Aube », Elijah Baley a depuis longtemps disparut mais Gladia et ses deux fidèles robots Daneel et Giskard sont toujours présents sur Aurora. Mais soudain les évènements vont s'emballer: alors qu'un descendant d'Elijah, le commandant D.G Baley, va convaincre Gladia de se rendre sur Solaria pour éluder la disparition mystérieuse de deux vaisseaux coloniens, le Dr Amadiro qui entretient toujours une haine inconsidérée envers les Terriens, se lie au jeune et brillant scientifique Mandamus afin de mettre en oeuvre un plan machiavélique pour anéantir la Terre. Les deux quêtes sont liées et les trajectoires des personnages tendent inévitablement à se croiser. Daneel et Giskard, conscients du danger, se doivent d'agir mais le peuvent-ils encore?

Derrière ce scénario tout à fait palpitant, c'est l'histoire de l'humanité et la mise en place de l'Empire galactique qui se joue, et Asimov va tout au long du livre définitivement relier le Cycle des Robots avec celui de Fondation: brillamment, il va joindre l'intrigue des deux Cycles en effaçant les dernières zones d'ombres qui empêchaient le lien de se faire.

Mais « Les Robots et l'Empire » est bien un tome du Cycle des Robots et c'est pour cela qu'Asimov place Daneel et Giskard, les deux robots principaux du livre, au centre du récit, éclipsant pratiquement les autres personnages. Il met en scène des dialogues approfondis entre les deux protagonistes, ce qui permet de comprendre que ce sont des entités suffisamment intelligentes, entièrement indépendantes, et assez évoluées pour raisonner d'elles-même. Cela leur permet d'échafauder un plan visant à préserver la paix fragile qui règne entre Spatiens, Coloniens et Terriens et assurer ainsi la pérennité de l'humanité, tout en développant le concept de la Loi Zéro.

Asimov aborde également un aspect toujours présent dans ses autres romans mais moins prononcé: la dimension émotionnelle qui lie certains personnages, notamment avec cet émouvant passage des adieux de Baley à Daneel, non plus considéré comme un robot mais bien comme un humain, un ami. Asimov délivre un grand message d'humanité.

Asimov délivre également un message politique puisqu'il développe une critique et une dénonciation ouverte du facisme et de la montée de partis extrémistes, présents au sein de tous les camps, dépassant les frontières de la Terre pour s'étendre à toute l'humanité comme une gangrène dévastatrice. Symbole de la décadence humaine, l'homme peine à se débarrasser de l'idéologie extrémiste, s'opposant toujours au progrès. Les enjeux politiques n'ont jamais été aussi prononcés et font partie intégrante du récit et sert surtout de passerelle vers le Cycle de Fondation.

Il ne manque donc de rien dans ce livre, Asimov a su développer tous les enjeux imaginables pour alimenter son univers immense qui verra naître l'Empire galactique, et réussi surtout à les condenser dans ce chef-d'oeuvre de science-fiction, avec un style toujours aussi exceptionnel et une écriture si simple mais tellement agréable, subtile et géniale.
Formidable récit.
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