Moi, Asimov

Il s'agit de la deuxième et dernière autobiographie de l'auteur, achevée peu avant sa mort. La première, datée de 1979, publiée en 2 tomes, était plus classique, strictement chronologique, alors qu'ici, même si l'ordre des chapitres est en gros chronologique, il s'agit avant tout d'un parcours thématique qui permet à l'auteur de consacrer des chapitres à des personnes ou à des lieux. Parfois, c'est un peu longuet (en particulier lorsqu'il s'attarde sur les différents éditeurs ou sur les remaniements de ses nombreux ouvrages de vulgarisation), mais d'un bout à l'autre l'écriture est fluide et c'est facile à lire. J'ai beaucoup appris sur ce personnage qui pour moi était seulement un auteur de science-fiction. Je n'ai pas été surprise de découvrir que c'était un surdoué aux connaissances encyclopédiques, par contre c'était un piètre scientifique (du moins comme chercheur) mais aussi un professeur apprécié, un conférencier recherché, un boulimique de l'écriture et un très bon vulgarisateur. Difficile de trouver une autobiographie plus narcissique, plus égocentrique, et le titre annonce la couleur : Moi, Azimov (et dans l'original I Azimov) ! Et pourtant, aussi vaniteux qu'il soit en ce qui concerne ses points forts, il est très attachant et humain, d'abord parce que c'est un excellent conteur, ensuite parce qu'il ne manque ni d'humour ni d'autodérision. Il a l'air sûr de lui, mais il est aussi conscient de ses défauts et petits travers, même si le lecteur peut soupçonner une part de fausse modestie. N'empêche qu'il a cessé d'écrire de la science-fiction pendant près de 20 ans parce que la science-fiction avait évolué et qu'il ne trouvait pas son style assez littéraire. Bref c'est une autobiographie très agréable à lire, très riche en informations sur l'évolution de la science-fiction, sur la vie à Brooklyn dans les années trente, et on a très vite envie de pardonner ses défauts à Azimov. Et en tout cas elle m'a donné envie de lire ou relire ses nouvelles et romans.