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Critique de Lecturepissenlit


« Tu peux lâcher ma main » est le récit de ce que l'on appelle une mère courage. Une femme, une mère qui mets sa vie entre parenthèse afin de s'occuper de son enfant autiste dans un pays où les personnes autistes ne sont pas acceptées, souvent laissées sur le côté de la route et terminent dans des instituts, entre quatre murs.

Cette réalité je la connais malheureusement puisque je travaille dans le domaine du handicap et que j'ai pu mener quelques missions avec un public porteur de troubles autistiques. C'est donc avec ce regard là que je vais donner mon avis.

Je tiens à souligner que tout ce qui m'a dérangé dans le livre n'a aucun lien avec le courage et le parcours exemplaire de cette maman, de cette femme comme on aimerait en croiser davantage ; il s'agit simplement de « forme », le fond étant ce qu'il est : le récit d'une mère qui s'est battue et qui se bat encore pour l'avenir de son enfant.

Tout d'abord j'ai parfois trouvé que certains chapitres étaient un peu autocentrés. du « moi je » à répétition et des informations peut-être pas si utiles que cela. Je me serais bien passée de l'histoire de la rencontre avec le papa d'Allan ainsi que son parcours professionnel. J'ai parfois eu l'impression d'assister à une énumération de sa vie parfaite « métier parfait, salaire parfait, mari parfait, 1er enfant parfait » … du moins la façon dont ça a été tourné, dont ça a été raconté m'a gênée.
J'ai l'habitude de lire des témoignages, surtout des témoignages de parents d'enfants autistes et c'est la première fois que je ressens cela.

Dans le même esprit, Estelle Ast joint à son récit des poèmes écrits pour son fils ou pour certaines occasions. Je n'ai pas apprécié, j'ai trouvé que cela rendait le récit lourd. Je n'ai d'ailleurs lu que le premier, j'ai ensuite sauté les autres. Je m'en excuse mais je préfère lire un ressenti sous forme de témoignage, de récit que sous forme de poème. Il en va de même pour le copier/coller de posts Facebook postés par Estelle Ast. J'aurais préféré qu'elle raconte par exemple être revenue énervée de tel rendez-vous et d'avoir par la suite écrit un post où elle déversait sa colère plutôt que « voici ce que j'ai écrit sur Facebook à l'époque ».

A l'inverse, j'ai trouvé que les inserts de pictogrammes étaient utiles et pouvaient aider les personnes ne connaissant pas ce(s) principe(s) à mieux le(s) visualiser. J'aurais même trouvé ça bien qu'il y en ait plus lorsqu'elle parle des méthodes d'apprentissages par les méthodes ABA et TEACCH. Je sais en quoi elles consistent mais cela peut ne pas être clair pour un lecteur ne connaissant pas le domaine de l'autisme.

J'ai beaucoup aimé les derniers chapitres où Estelle Ast raconte plus en détails les progrès d'Allan au travers d'anecdotes. J'ai trouvé ceux-là peu nombreux dans la bonne grosse première moitié du livre qui est plus tourné sur l'administratif, le juridique etc.
Au détour d'un paragraphe on apprend qu'Allan sait lire, compter et écrire alors que la dernière fois qu'elle avait parlé de ses apprentissages il savait dire un mot de 3 syllabes et reconnaître les lettres de l'alphabet.
Certes ce livre est le récit du combat de cette maman, mais je trouve que les progrès d'Allan sont parfois mis de côté au détriment d'un énième dossier à monter pour telle allocation et du recrutement de la 4e AVS en 3 ans. La répartition est inégale à mon goût.

Pour terminer, c'est un ressenti très très personnel, mais sa façon de parler des AVS m'a dérangée.
Elle soutient pendant tout le livre qu'ils sont dans des situations précaires, payés au lance-pierre, ayant des contrats ne dépassant pas 20h et j'en passe, et elle ne comprend pas que les AVS démissionnent quand on leur propose un emploi en CDI les sortant de cette précarité. Estelle Ast a démissionné de son travail en plein milieu d'année pour mieux s'occuper de son fils. Elle a aussi choisi de faire passer sa situation familiale en premier sans se soucier de savoir si le patron allait devoir chercher quelqu'un d'autre à sa place. Ses mots violents m'ont choquée et je ne retiens presque que ça, c'est bien dommage.

Mais comme dit précédemment, sur le fond, je souhaite à chaque enfant porteur de handicap d'avoir une maman comme Estelle Ast. Elle est un modèle à suivre, une boule de détermination que rien n'arrête !
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