Chaque lecteur a un prisme qui lui fait entrevoir un aspect d'une oeuvre littéraire. C'est certainement cela qui a m'a rendu ce texte si émouvant. J'y ai vu la prédominance de l'eau qui ne pouvait que ma captiver car je suis très sensible aux thèmes des quatre éléments.
Un fleuve, des noyades, des baignades, des régates, la piscine, l'alcool etc. tout rappelle l'élément liquide.
Cela induit une horizontalité dans le paysage la surface du fleuve est plutôt plate. Des parallélismes se font jour entre l'autoroute avec la circulation automobile et le fleuve avec les avirons. le parking et les berges du fleuve. La verticalité est représentée par les tours et les piliers du pont. Les tours qui doivent être détruites (présent) et les piliers qui plongent dans le fleuve et peuvent détruire (passé et présent).
La tour est vide comme un squelette sans âme, elle fait écho à l'absent dont l'âme semble encore présente. La tour est comparée à une stèle et le narrateur est hanté par le passé. Parler de son ami c'est parler des enfants qu'ils étaient alors le narrateur se replonge dans les souvenirs de son enfance qui l'on conduit vers son alter ego.
Le narrateur a une vingtaine d'année. Il a fuit pour vivre mais il a juste survécu. Il se retrouve plongé dans ce passé qui l'a conduit à commettre un acte irréparable.
Les derniers chapitres semblent plus chaotiques comme le combat intérieur auquel se livre le narrateur. Les émotions refont surface au cours de la narration pour atteindre l'apogée sur les derniers instants. Il est venu avec inconsciemment l'envie de tout mettre à jour pour se libérer mais il réalise que les principaux protagonistes ne veulent pas en entendre parler soit parce qu'ils sont dans le déni soit parce qu'ils ont pardonné. Va-t-il sombrer ou va-t-il trouver la rédemption dans les remous du fleuve. le narrateur a fuit sa ville natale et le fleuve pour aller vers l'océan qui ne lui a pas permis l'apaisement de sa conscience.
A la fin de ce roman je suis incapable de dire si les deux garçons ont un nom, comme s'ils formaient un tout… Seule Sonia a un prénom qui revient à de nombreuses reprises est mis en évidence. Sonia qui signifie la sagesse.
Voyage immobile dans le passé qui forme un contraste avec le fleuve qui coule.
Cet adolescent dans l'eau m'a fait penser à Ophélie par sa jeunesse et sa folie.
Mais le fleuve peut faire penser à la purification et à la rédemption, miroir de Narcisse on attend le moment où le narrateur va rejoindre son frère spirituel.
Michèle Astrud dans ce roman s'intéresse à certains aspects de l'adolescence. (2)
Le mal être de la jeunesse qui ne se reconnaît pas dans les valeurs de la famille et de la société. D'autre part, il y l'amitié à la vie à la mort, avec l'identification à l'autre, recherche de son identité sexuelle, pulsions qui peuvent engendrer une certaine violence surtout associé à l'abus d'alcool. L'alcool dans lequel ils cherchent à anesthésier leur malaise où atteindre un état second et dépasser les limites, pertes des inhibitions, aller plus loin dans tous les sens du terme. L'absence du grand frère et l'attente que cela engendre crée une ambiance d'angoisse.[...]
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