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Critique de LaBiblidOnee


Suite à un attentat contre le Président, l'armée déclare l'état d'urgence et prend le pouvoir. A compter de cet instant, et sous couvert de ramener l'ordre dans le pays, les dirigeants le réorganisent totalement : Ils affirment leur pouvoir en restructurant la société. Avec les déchets chimiques et nucléaires, des problèmes de fertilité sont apparus auxquels la dictature veut remédier pour ne pas que la population s'éteigne : L'armée fait donc de la procréation une priorité, donnant ainsi à la femme une place... particulière !


Comme c'est une société créée par des hommes, elle part du principe qu'aucun homme ne peut être stérile. Si un couple a des problèmes, c'est forcément la femme qu'il faut aider... C'est un peu le retour du harem, que l'on vit avec la narratrice. Les femmes perdent leur emploi car on leur réserve d'autres fonctions, elles n'ont plus accès à leur compte en banque car elles n'ont plus le droit de propriété : Désormais, elles sont la propriété des hommes qui en ont besoin pour repeupler le pays ! Les femmes sont donc distribuées comme « servantes » chez les couples qui n'arrivent pas à procréer, où elles doivent se soumettre au mari pour tomber enceinte ; L'enfant à naître sera alors celui du couple, et la « servante » sera réattribuée à un autre foyer. Ce monde qui prive les gens d'amour peut-il perdurer ?


Comme toute dictature (et cela rappelle « 1984 »), elle repose sur la surveillance permanente, la délation, les exécutions publiques qui paralysent toute rébellion. Il n'existe pas de liberté de parole (comme dans « matins bruns ») ni de circulation. Chaque femme de la société porte un vêtement d'une couleur déterminée selon sa place dans la société, afin que l'on puisse les reconnaître et les surveiller de loin (un peu comme les chromés dans "Ecarlate") : Les épouses sont habillées de bleu et peuvent circuler plus librement, les « martha » (femmes à tout faire) en vert, et les servantes en rouge.


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Dans ce roman, Margaret Atwood aborde de manière pertinente plusieurs sujets importants : la manière dont le peuple peut être dépossédé de son pouvoir, ainsi que la place des femmes dans la société. Mais elle parle aussi en filigrane de la ségrégation et de l'écologie. Ce roman a été écrit en 1985, entre « La lettre écarlate » (1850) et « Ecarlate » (2012). L'avantage, comme dans "Ecarlate", est que la narratrice est l'héroïne elle-même, ce qui nous la rend immédiatement attachante car ce mode de narration est propice aux confidences (contrairement à "La lettre écarlate" raconté par un narrateur extérieur et dont l'auteur est un homme).


Au gré des événements, la narratrice nous raconte ce qu'elle vit dans la famille où elle est placée, comment elle a été formée à ce « travail », ses liens difficiles avec les autres femmes qui voient encore en sa fonction celle de « putain », ses inquiétudes pour les membres de sa famille dont elle ne sait pas ce qu'il est advenu, comment elle supporte de devoir copuler avec le mari d'une autre femme qui assiste elle-même à la scène… Mais finalement, tout être humain veut créer des liens ; et plus le Commandant dont l'héroïne est la servante sera gourmand et prendra des libertés avec elle, plus il leur fera prendre des risques qui nous mèneront au revirement final.


Tous ces détails entrecoupés de souvenirs rendent le récit absolument captivant, on se demande ce qui va arriver à notre héroïne. La fin, ou plutôt les fins, sont inattendues et originales. le plus inquiétant dans ce livre est peut-être que l'on reconnaît dans les causes de cette dystopie certains problèmes qui nous sont annoncés pour nos sociétés actuelles…! Cette dystopie est un coup de coeur que je vous conseille car elle est aussi intéressante que divertissante. Elle est épuisée mais encore trouvable sur le net !

Lien : http://onee-chan-a-lu.public..
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