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Critique de Aelinel


Après le coup de coeur que j'ai eu cet été pour l'adaptation en Série télévisée de la Servante écarlate, la lecture du roman est devenue évidente. J'ai donc profité d'une LC avec Dixie39 de Page 39 et du Club de lecture de Babélio pour me lancer. Il est rare que je débute dans cet ordre : le livre après la série. Il est vrai que si je n'ai pas vraiment eu de surprise en ce qui concerne l'intrigue ou à fournir d'effort pour créer un univers par mon propre imaginaire (je visualisais Defred sous les traits de l'actrice Elizabeth Moss ou les décors de la série pour la maison de Serena Joy et du Commandant), ma lecture s'est révélée être un véritable coup de coeur.

Dans les années 80, l'Humanité connaît un terrible coup du sort : le taux de natalité s'effondre brutalement. Plusieurs éléments sont mis en cause dans le récit : un dérèglement climatique lié aux activités humaines intenses ou une catastrophe écologique dans l'est américain. Quant aux partisans de Gilead, ils voient là un signe de la punition divine. Dès lors, ils fomentent un coup d'état, renversent le gouvernement en cours et impose une « République » dans laquelle les femmes seront protégées pour la survie de l'Humanité. Ces dernières sont alors réparties en castes : les Épouses habillées de bleu seront les compagnes des Hauts dignitaires du régime, les Martha en gris seront affectées aux tâches ménagères, les Econofemmes seront une faveur accordés aux soldats les plus dévoués de la République et enfin les Servantes Écarlates, en rouge. Réduites au rang d'esclaves sexuels, les Servantes qui ont déjà donné la vie, sont précieuses : au service des Hauts dignitaires, elles doivent concevoir un enfant, lors d'une Cérémonie régulée par des préceptes bibliques. Defred est l'une d'entre elles et raconte son histoire…

Dès les premières pages, le lecteur tisse un lien des plus intimes avec Defred : il devient rapidement son confident et a le sentiment d'être le dépositaire d'un témoignage important et unique. le style oral de Defred et le point de vue interne renforcent cette impression. Et Defred s'avère est une jeune femme attachante : forte mais prudente et intelligente, c'est à travers ses yeux que le lecteur pénètre dans le milieu verrouillé de la République de Gilead.

Le récit de Defred est glaçant : sous couvert de vouloir sauver la race humaine, la République se base sur la Bible pour imposer sa dictature théologique. Les femmes deviennent alors les premiers boucs émissaires. Elle ne peuvent plus enfanter? C'est de leur faute car leur mode de vie les a dévoyé de leur mission première. Elles ont désormais l'interdiction de suivre des études, de travailler, même lire ou écrire est passible d'une amputation de la main. Les femmes ne sont pas les seuls cibles de la République de Gilead : les homosexuels sont poursuivis impitoyablement, les médecins responsables des avortements sont exécutés, les vendeurs de vêtements dits indécents sont humiliés en place publique et doivent faire pénitence, les croyants des autres religions doivent se convertir ou s'exiler, etc… L'ordre absolu se place sous la censure, l'étroite surveillance des individus, la purge systématique des opposants, la dénonciation, l'imposition d'une morale puritaine, etc…

Et le pire dans tout cela? le récit de Defred sonne comme une mise en garde : si vous Lecteur, n'y prenez pas garde, cela risque aussi de vous arriver. Vous seriez comme une grenouille dans un récipient d'eau chaude qui au fur et à mesure que la température augmente, mourra ébouillantée! Dans le contexte d'aujourd'hui, difficile de ne pas y penser : les violences faites aux femmes au sein de l'Etat Islamique, le droit à l'avortement remis en cause dans plusieurs pays comme en Espagne ou aux Etats-Unis, l'opposition véhémente à l'institution du mariage homosexuel en France par certains milieux religieux ultra conservateurs ou la restriction de nos libertés individuelles sous prétexte de lutte antiterroriste…

Ce livre est sorti dans les années 80 et je suis surprise de ne l'avoir découvert que maintenant. Il est devenu populaire seulement depuis la sortie de la série télévisée, cette année, aux Etats-Unis. L'édition du roman est somme toute très récente par les éditions Robert Laffont. Et pourtant, un livre aussi bien écrit et avec un impact aussi glaçant mériterait de se placer au même titre que les grandes dystopies comme 1984 d'Orwell.
Lien : https://labibliothequedaelin..
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