AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de moussk12



La servante écarlate a été publié pour la première fois en 1985 et à ce jour, il n'a pas perdu de son intensité. C'est à Berlin-Ouest que Margaret Atwood a commencé ce livre pour le terminer au Canada. Nul doute que le Mur l'a profondément marqué car il en est le décor de fond.
Une dictature particulièrement nauséabonde s'est installée suite à des guerres, épidémies et disparition de ressources naturelles, provoquant une baisse flagrante de la natalité. La population féminine est subdivisée en castes. Nous avons les Epouses des Commandants, au statut le plus élevé et seules accréditées à élever un enfant. Les enfants à venir proviennent de mères porteuses au service des Epouses : les Servantes écarlates, enveloppées de rouge des pieds à la tête. Celles-ci sont « éduquées » par les Tantes au service du Pouvoir, n'hésitant pas user de sévices corporels pour les récalcitrantes. Nous avons également les Econofemmes, tout au bas de l'échelle, occupant leur journées à tenter de joindre les deux bouts. Invisibles, on en parle peu. Et puis encore quelques malheureuses prostituées au service des nantis, les Commandants.
Les autres hommes sont les Yeux, sorte d'espions, prêts à dénoncer les enfreintes aux règles, les Gardiens, armés jusqu'au cou et à la gâchette facile et ceux au service des Commandants pour divers petits métiers.
Et nous avons le Mur, ce fameux mur de la honte sur lequel pendent ceux et celles qui transgressent les règles imposées. de l'autre côté du Mur plane le grand mystère.
Mais ces règles, quelles sont-elles ? Livres et lecture, abolis. Divertissements abolis. Discussions abolies. Vêtements, objets faisant parti du quotidien, abolis.
Amours, amitiés, abolis.

La servante écarlate est une lecture dérangeante, nauséeuse mais nécessaire, qui fait bouillonner le cerveau. Etrangement, malgré l'appellation de roman d'anticipation, beaucoup de ces aspects font maintenant parti de mon vécu. Période sombre dont je commence à peine à digérer, au moins à en parler. Car jamais je n'oublierai la fermeture des librairies. La fermeture des magasins « non-essentiels » alors que l'on s'agglutinait tous dans les supermarchés. Les interdictions de se retrouver en famille ou d'accompagner les derniers instants de parents ou grands-parents. La fermeture des restaurants alors que d'autres, clandestins, ouvraient leurs portes aux détenteurs de pouvoir. L'aberration d'articles de journaleux en tout genre, surfant sur la vague pour vendre leur torchon. Les interdictions. Les répressions. La violence. Les amendes. Que n'ai-je été témoin de tout cela ! Et … la dénonciation. Les Yeux dénonciateurs. Je pense que c'est ce qui m'a le plus répugnée. Et aujourd'hui, la prolifération d'applications électroniques à télécharger et d'autorisations accordées ; que de facilités pour nous en contrepartie d'un parfait outil de contrôle de nos désirs, de nos pensées.
Alors, malgré le côté ténébreux de ce roman, je vous invite à le découvrir si ce n'est déjà fait, ou à le relire dans quelques années. Comment aurons-nous évolué ?
Néanmoins, la fin du livre intitulé « Notes historiques » m'a procuré un profond soulagement.

Commenter  J’apprécie          376



Ont apprécié cette critique (37)voir plus




{* *}