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Critique de magalette


Ce livre est un recueil de reportages d'actualités parus dans les pages du Monde, journal pour lequel travaille Françoise Aubenas. On débute notre lecture chronologique en mars 2015 en suivant deux cousins des cités de Nanterre en vacances en Thaïlande, sur un ton sympathique d'analyse sociétale teintée d'humour fin. En mars, c'est une enquête au plus près des français et le phénomène d'abstention aux élections. On fera un détour en Grèce pour entrevoir le gouffre de cette crise économique sans précédent avant que le ton ne devienne plus sombre pour arpenter les rues de Paris au soir des attentats de novembre 2015. Pour chaque enquête, Françoise Aubenas va au contact de Monsieur et Madame Tout-le-monde. Elle interroge mais surtout, elle recueille la parole « vraie », sans fard, sans faux-semblant. On y entend le bon sens populaire, la peur, l'angoisse, les hésitations de ce que l'on peut dire et de ce que l'on doit taire. En 2016, le terrorisme fait peser une chape de plomb sur la France et les populations de tous bords s'interrogent, se rassemblent ou se repoussent, dans un élan de solidarité comme dans un reflux de crainte. Puis c'est le Covid qui s'installe et bâillonne à coup de masques - FFP2 ou bricolés maison – notre société malade avant que l'économie cloue au pilori nos agriculteurs et Poutine le peuple ukrainien sur le front d'une folle guerre fratricide. On tourne les pages, épouvanté par ce condensé d'horreurs auxquelles nous avons tous du faire face au cours de cette décennie et que le recueil condense. La lecture se termine sur un gros chapitre réservé à l'Ukraine que j'ai terminé le coeur au bord des lèvres, nauséeuse par cette suite de tragédies humaines et de morts inutiles et injustes. le style de Florence Aubenas mêle la volonté de témoigner et de dénoncer les folies de notre monde à un choeur de voix d'hommes et de femmes qui donnent corps aux drames dénoncés. On ne peut refuser d'entendre les cris et les gémissements de cette humanité piétinée par-delà une frontière ou au fond d'une ferme dans le département voisin. Certains reportages ne me quitteront pas avant longtemps : le récit tragique de Jérome Laronze, le pot de terre fracassé contre le pot de fer de l'administration d'état ou encore l'immersion au sein des équipes de l'Ehpad des Quatre-Saisons, ou bien encore de ces allers sans retours de Kherson à Hostomel en passant par Izioum. Il faut être accroché quand même pour s'avaler le recueil d'une traite tant on frôle tous l'overdose de malheurs. L'entrée par thèmes et par "picorage" – comme quand on déploie le journal – reste une bonne approche pour découvrir la plume si particulière de cette grande dame du journalisme qui représente pour moi une icône de la femme libre, intègre et engagée, juste un modèle, quoi !
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