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Critique de LoupAlunettes


« Quelle époque ? demanda le plus ridé des deux, sans lever les yeux vers nous.
Où voulez-vous allez ? précisa le second.
Dans le passé, répliqua June innocemment.
Tiens, c'est étonnant ! Se moqua le premier.
Margarita prit la chaussette dans ma poche, du bout des doigts et dit :
Nous voulons retrouver le Diable Vert, bien avant la révolte des Mogadors. ».
 
La chaussette sale du sinistre personnage devrait permettre de retrouver sa piste sur les voies du passé.

Oui, l'heure était grave le vil Diable Vert était bel et bien revenu.
Déguisé, il avait plongé les résidentes de l'orphelinat d'Abbey Road dans un demi- sommeil dont elles pourraient ne pas se réveiller.
La vie à Abbey Road n'était pas un paradis mais les quelques moments de confidences, de fous-rires et de réconfort devant l'adversité étaient aussi vivifiante que l'eau de source que gardait le vieux hibou Alfébor. Leurs aspirations au bonheur était une leçon rare et précieuse en Alvénir, elles valaient qu'on les défende jusqu'aux frontières de l'impossible.

Armées de leur simple courage, Joy l'amoureuse, Margarita la fière pensée libre, Ginger la malicieuse effrontée passeuse des deux mondes, June l'adorable spontanée et Prudence la douce et fragile vont revenir en Alvenir par le chemin des forêts, y franchir les portes du passé afin de convaincre le Diable Vert, quand il avait encore le coeur généreux.
Si il n'est plus disgracié par Altenhata, reine des Heures et du Temps pour s'être soulevé contre son règne, il ne sera plus exilé sous l'Abbaye. Elles doivent également rapporter le remède à la poudre soporifique d'Alchimine.
Le départ en Montgolfière vers les temps jadis n'attend plus.
« - Tu te souviens, Pavel, quel numéro c'est pour « avant la révolte des Mogadors » ?
- le 85. C'est le 85, Valentien.
- Ca ne serait pas plutôt le 86 ? Personne ne nous demande jamais cette période-là, remarque ! Qu'est-ce que j'en sais ?..."
Pauvres orphelines d'Abbey Read!
Parcourir les chemins d'Alvenir, c'est à s'arracher les cheveux.
En route vers le passé !!!

: Dans ce troisième tome, notre narratrice, Joy se questionne plus que jamais.
Après avoir retrouvé ses parents d'une manière qu'elle ne pouvait supposer, son parcours initiatique dans l'adolescence se poursuit par les voies d'Alvénir. Elle se laisse porter par ses rencontres de l'amour et du hasard. Mais y a t-il vraiment de hasard en Alvénir pour qui sait ce qu'il cherche ?
Justement, là dessus, Joy est un peu perdue. Un bel adolescent de Mogador va compliquer la donne.
Comment distinguer l'amour, le béguin, le coup de foudre et le sentiment amoureux illusoire? Et la mission dans tout cela?
Une toute nouvelle émotion qui rend hélas mortellement malade au sens propre du terme le pauvre Alonn, son Almour ange gardien.
Le groupe aurait plus que jamais besoin de guides et de protection pourtant.
Les adolescentes devront aviser seules dans ce monde où tout ne tourne pas très rond, où l'évidence ne coule pas toujours de source et où les "Al" monsieur madame tels que Alsima, Altenhata,Alfébor, Alonn, Altman et Aljar sont légion. Nous sommes bien en Alvénir! Les règles de loi sont toujours à respecter à la lettre.
Margarita est cette fois du voyage pour son plus grand plaisir et sa frustration d'avoir raté les premières excursions de l'autre côté de la forêt étrange. Elle raisonne, commande, fixe des plans, Ginger continue de courir, sauter, se lancer à l'instinct. Ginger et elle poursuivent gentiment leurs chamailleries chat et chien, yin posé et yang tumultueux, on ne s'ennuie pas en somme.
Néanmoins, Margarita refrène avec diplomatie sa nature imposante et se montre plus discrète car la petite Ginger, haute comme trois pommes, en Alvénir est « reine », bien qu'elle se défende furieusement d'appartenir à ce monde de rêves figés. Lorsque l'on connait cette Ginger qui court tout le temps, nous pouvons nous même nous poser la question. Et pourtant!
June et Prudence sont aussi de l'aventure. Prudence, plus réservée, semble peut-être garder des stigmates de sa triste expérience avec le Diable Vert. La vérité sera surprenante.
 
Tout au long de ses aventures fantaisistes, Joy commence à percevoir le monde enchanteur d'Alvénir sous un angle nouveau, avec une certaine distance. le charme du lieu n'est-il pas au dépend des modestes habitants de Mogador ? Peut-on se satisfaire de ce que l'on connaît, de l'absence d'aventure, d'une existence bien réglée ?
Le stade de la découverte étant passé pour Joy, l'heure du désenchantement sonne tranquillement. Joy commence à percevoir les vraies « failles » de ce monde. Les jeunes lecteurs auront d'avantage le sentiment irritant de voyager à l'aveugle, comme Joy, de ne pas réussir à avoir prise sur quoi que ce soit, les héroïnes guidées par leurs boussoles intentionnelles n'ont qu'a souhaiter, les événements se provoquent favorablement, sans imprévus possibles. Alvénir s'avère peut_être plus contraignant qu'il n'y paraissait.
Nous comprenons aussi mieux l'utilité des leçons données par Soeur Eulalie en terme d'amitié, de bonheur, de plaisir qui donneront plus de sens à la bienveillance de ces êtres supérieurs sans grands buts, ces sentiments si moteurs à nos désirs.
Alvénir, de l'autre côté du miroir, peut-être simple reflet.
Finalement, Joy en vient à une belle conclusion qui lui permettra d'aller de l'avant.

Les amateurs de la série retrouveront donc avec plaisir les personnages farfelus d'Alvénir, les douces pensées de Joy sur les adultes, les parents, les sentiments, l'appréciation des petits et grands bonheurs.
Les phrases qui font mouche de Margarita sont toujours aussi délicieuses. A noter, dans un carnet philosophique personnel ou un journal intime!
Nous tordrions gentiment le cou de Ginger entre deux câlins
Audren, c'est encore ici une douceur, une espièglerie, une justesse de ton et une fraîcheur à hauteur d'adolescentes.
Un quatrième tome est à venir, c'est indéniable.
 
Quand on aime, on ne compte pas.
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