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Critique de Pecosa


Pecosa
12 septembre 2017
Les romans avec des tueurs en série dedans ont sur moi le même effet que les crucifix sur Nosferatu ou les fringues de chez Vet'Affaires sur Brigitte Macron. Je détale. Mais celui-ci a un titre des plus intrigants. Et il est diablement bien écrit.
Nan Aurousseau se met dans la tête d'un tueur, et avec ce monologue le lecteur assiste impuissant aux agissements d'un homme dénué de la moindre empathie. François possède toutes les caractéristiques du sociopathe que les thrillers cinématographiques et les bouquins de Stéphane Bourgoin nous ont longuement énumérées: le sang froid, les impulsions, les comportements antisociaux. Mais Nan Aurousseau a un truc en plus. Il ne diabolise ni ne sublime l'assassin, il le dépeint tel qu'il est; un homme obsédé par la réalisation immédiate de ses désirs, quelque que soit leur nature, mais qui n'est pas dénué d'une certaine conscience sociale. Et le vocabulaire, comme le style, vont de pair avec la personnalité du bonhomme: « Les gens aiment pas les histoires de prison et pourtant c'est bien crade ce qui s'y passe. Ils aiment que les saloperies de la téléréalité qui n'a rien à voir avec la vraie réalité, les mômes qui se bouffent le cul dans des lofts ou alors les pires histoires de crimes sordides mais arrangées, nettoyées, toutes floutées de partout et racontées par des belles nanas blondes à un expert, raide comme l'injustice derrière son pupitre en verre, qu'a lui aussi tout lu dans le journal ou dans des livres, un peu comme dans « les histoires de l'oncle Paul » qu'on lisait dans Spirou, revues à la sauce des années 2000, en plus épicées. »
Dans Des coccinelles dans des noyaux de cerise, Nan Aurousseau, tel le docteur Frankenstein, a donné vie à une créature répugnante et féminicide qui serait un hideux mélange de Francis Heaulme et de Michel Fourniret, car le fond de cette sombre histoire n'est pas sans rappeler l'affaire Farida Hamiche/ Jean-Pierre Hellegouarch/ trésor de guerre du gang des postiches, le dindon de la farce macabre n'étant pas celui qu'on croit.
On peut lire ce roman comme la version française d'Un tueur sur la route de James Ellroy, qui nous avait offert il y a quelques années déjà le "portait de l'intérieur » du tueur en série Martin Michael Plunkett. La France, c'est moins spectaculaire, mais tout aussi glaçant car il n'y a de divin dans ce roman noir que les bêtes à Bon Dieu. Pas d'espoir, ni de chaleur, juste la misère, sociale, morale et intellectuelle et une bonne louche de cynisme.
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