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Critique de Parthenia


Persuasion est le dernier livre achevé écrit par Jane Austen, et publié après sa mort en 1818.
L'intrigue est basée sur la possibilité d'avoir une seconde chance en amour après avoir commis l'erreur de suivre des conseils contraires à son inclination.
En effet, huit années plus tôt, Anna Elliot, jeune beauté de 19 ans, rejette, sur les conseils de Lady Russell, une amie de la famille, la demande en mariage du jeune et bel officier de marine Frédéric Wenvorth, en raison de sa pauvreté et de son manque de perspectives d'avenir.

Au début du roman, le père d'Anna, Sir Walter Elliot, aristocrate tout infatué de son rang, mais faible, vain et dépensier, est obligé, sous la pression de ses créanciers, de reconsidérer son train de vie en partant s'installer avec ses deux filles aînées à Bath et en louant sa vaste propriété de Kellynch Hall à l'amiral Croft. Or, il s'avère que Mme Croft est la soeur de l'ancien soupirant d'Anna. Et pour compliquer la situation, Anna est contrainte de rester sur place pour s'occuper de sa soeur Marie, une hyponcondriaque toute centrée sur elle-même ; elle redoute de se retrouver en présence de son amour perdu, d'autant que celui-ci, enrichi par ses prises de guerre et promis à un brillant avenir, est revenu en Angleterre pour s'y établir et fonder une famille.

Le reste du roman est centré sur les sentiments d'Anna et ses évolutions ambivalentes : d'une part, elle tente d'éviter Wentvorth en restant à l'écart de la société fréquentée à Uppercross Hall, de l'autre, elle s'inquiète de savoir si Frédéric nourrit toujours des sentiments à son égard.
Wentvorth, qui a été profondément blessé par la rupture de son engagement, se montre froid et indifférent avec elle, voire méprisant lors de leur 1ère rencontre quand Anna apprend de la bouche de sa soeur Marie les propos qu'il a tenus à son encontre :" « le capitaine, qui a été si attentif pour moi, n'a pas été très galant à votre égard, Anna. Henriette lui a demandé ce qu'il pensait de vous, et il a répondu qu'il ne vous aurait pas reconnue, que vous étiez changée. » En général, Marie manquait d'égards pour sa soeur, mais cette fois elle ne soupçonna pas quelle blessure elle lui faisait. « Changée à ne pas me reconnaître !… » Elle se soumit en silence, mais profondément humiliée." (page 41-42). de son côté, l'officier de marine, plus fringant que jamais (" Les années qui avaient détruit la beauté de la jeune fille avaient donné à Wenvorth un regard plus brillant, un air plus mâle, plus ouvert, et n'avaient nullement diminué ses avantages physiques. C'était toujours le même Frédéric Wenvorth ! "(page 41-42) - oui, je ne peux pas m'empêcher de glisser ici ce portrait très engageant de Frederic, d'autant que c'est la seule description physique que nous aurons de lui !!! ) se laisse courtiser par les soeurs Musgrove, s'ingénie à faire comprendre à Anna combien il se sent offensé par son rejet de naguère et combien il tient en estime les femmes "fermes et décidées", caractère dont il la croit totalement dépourvue...
Alors qu'Anna assiste en silence aux efforts des soeurs Musgrove pour s'attirer les bonnes grâces de Wentvorth, qu'elle prend conscience de la perte de sa jeunesse tout en ressentant la même attirance qu'autrefois, qu'elle regrette sa décision passée et n'aspire qu'à regagner ses faveurs, plusieurs événements à Lyme renouvellent ses espoirs...

Persuasion est un roman intime plein de délicatesse et d'émotions, de nostalgie et de mélancolie, que j'ai eu beaucoup de plaisir à découvrir.

Tout d'abord, l'héroïne est imparfaite et touchante : proche de la trentaine, elle a perdu la fraîcheur et la joliesse de sa jeunesse, et est en passe de devenir vieille fille. Sa douceur et sa discrétion la font passer au second plan au sein même de sa famille : son père accorde nettement sa préférence à l'aînée de ses trois filles, Elizabeth, qui partage la même condescendance et le même mépris que lui envers les personnes d'un rang inférieur, et dans une moindre mesure à Marie qui a fait un beau mariage.
Aucun membre de la famille Elliot ne fait cas des opinions d'Anna, qui apparaît douce et influençable.
Ensuite, puisque l'auteure ne nous livre que le point de vue d'Anna, ce fut divinement exquis de tenter d'interpréter les différentes réactions de Frédéric Wentvorth lors de leurs rencontres successives. Bien qu'il semble ressentir un ressentiment tenace à son égard, il fait également montre d'une bienveillance discrète ; leur petit séjour à Lyme va être un tournant dans leurs relations : aiguillonné par la jalousie (en effet, Anna, que la fréquentation d'une société stimulante a enjolivée, suscite l'admiration d'un gentleman inconnu puis celle de l'officier Benwick), Wenvorth va à nouveau s'intéresser à elle et rechercher sa compagnie.
Enfin, la force de l'auteure est dans la peinture de toute une galerie de personnages secondaires, qu'elle a su renouveler avec brio d'un roman à l'autre...
Sir Elliot et sa fille aînée, tout infatués de leur rang et de leur beauté, sont tournés en ridicule : "... Sir Walter désirait connaître Mme Wallis ; on la disait très jolie ; cela le dédommagerait des laids visages qu'il rencontrait à chaque instant dans les rues. C'était là le fléau de Bath. Un jour il avait compté quatre-vingt-sept femmes, sans en trouver une passable. Il est vrai que c'était par un froid brouillard du matin." (page 85-86)
Marie, la benjamine, femme point méchante mais égocentrique et aussi vaniteuse que son père, se croit la victime d'affronts imaginaires.
Lady Russell est une amie sincère mais aveuglée par les préjugés de sa caste.
L'amiral Croft et sa femme forment un couple uni et heureux, dont la simplicité et l'ouverture d'esprit sont une goulée d'air frais dans cette assemblée un brin guindée et compassée.

Pour conclure, j'ai dévoré ce roman délicat et sensible qui joue à merveille sur la partition des sentiments amoureux et leur complexité. le seul défaut que je lui reproche c'est que l'histoire d'amour est prévisible du début à la fin, mais cela ne gâche en rien le plaisir de la lecture !
Lien : http://parthenia01.eklablog...
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