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Critique de Seraphita


Elyia Nahm est une cybione (ou CYbernetic BIologic clONE) : c'est une femme éternellement jeune, belle et qui sait renaître de ses cendres, tel un Phénix des temps modernes. Mais c'est cette particularité qui justifie ses missions ainsi que le peu de scrupules de son employeur : l'agence d'assurance Ender l'envoie aux quatre coins du monde pour des opérations suicides, préférant supprimer les risques plutôt que payer des sommes imposantes. Or, la belle Elyia a un défaut que son employeur, Saryll, n'apprécie pas : un goût immodéré pour la liberté, de telle sorte qu'elle oublie parfois de revenir au bercail. Mais Saryll l'effroyable a pensé à tout : il envoie alors à ses trousses des Spads, chargés de l'éliminer, le cas échéant. La galaxie n'a qu'à bien se tenir, Elyia Nahm est loin d'être timorée…

« le Cycle de Cybione » est la première d'oeuvre d'Ayerdhal que je lis. Cette réédition révisée, publiée en 2015 aux éditions Au diable vauvert, contient les quatre volets de la saga : « Cybione », « Polytan », « Keelsom, Jahnaïc » et « L'Oeil du Spad ». La réédition débute par une préface de l'auteur, remplie d'autodérision et d'un certain sens du recul depuis la création de « Cybione » en 1992. le lecteur peut ainsi se faire une première idée de l'auteur et du style qui va l'attendre, certainement atypique, au long des presque 800 pages ! Et, en ce sens, on n'est pas déçu : l'intrigue mêle habilement divers genres : polar, space opera, imbroglios politiques, … On peut d'ailleurs résumer cela par la règle des 3S qu'Ayerdhal présente dans sa préface : Sang, Sexe et Sueur.
L'écriture est soignée, fignolée dans les moindres interstices sémantico-syntaxiques. Des descriptions époustouflantes de mondes lointains, sur un mode plutôt largo, alternent avec des accélérations staccato de l'enquête en cours rondement menée par une Elyia Nahm souvent (mais pas toujours) au mieux de sa forme. Ce qui unit chaque tome également, c'est l'humour dont l'auteur sait faire preuve vis-à-vis de ses personnages qu'il malmène sans vergogne.

« le Cycle de Cybione » m'a surtout plu dans sa dimension space opera et, dans une moindre mesure, polar. Des quatre tomes, c'est le troisième « Keelsom, Jahnaïc » qui a eu ma préférence : l'intrigue était davantage axée sur les moeurs locales d'une peuplade dont on pressent bien les liens avec celles de la planète Terre, mais dont on perçoit également nettement les différences. Un peu de chamanisme sauce fantasy vient pimenter le tout, les machinations politiques étant reléguées au second plan. C'est précisément ce genre qui m'a semblé alourdir et complexifier à outrance le Cycle : j'ai souvent eu beaucoup de mal à comprendre les imbroglios politico-financiers, résonnant sur un mode unique, une paranoïa générale : au final, tout le monde dupe tout le monde et tout le monde est dupé par tout le monde, Elyia Nahm essayant de mettre de l'ordre dans tout cela, sachant qu'elle n'est que le jouet de son employeur… En ce sens, comme le souligne Ayerdhal : « Cybione est un canular » (p. 7).

Ayerdhal conclut sa préface par ces mots : « … que tout a une fin. Tout ? Non ! Car un auteur peuplé d'un irrésistible minois ne saurait l'oublier dans les limbes des histoires qu'il n'a pas contées. Il en est que seule une cybione peut animer. C'est ainsi qu'Elyia s'est imposée de nouveau. C'est ainsi qu'elle reviendra, sur Kwak… pour commencer. » (p. 8). Kwak est donc la suite inédite du Cycle de Cybione parue le 13 mai 2015. Elyia Nahm n'a pas finie de renaître sous la plume de l'atypique Ayerdhal !

J'ai pu lire cette intégrale grâce à l'opération Masse Critique : un grand merci à Babelio et aux éditions Au diable vauvert pour cette découverte dépaysante !
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