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Critique de 5Arabella


Il s'agit d'une pièce créée en 1952, et qui provoqua à l'époque un véritable scandale, qui assura peut-être en partie son succès. La pièce s'attaque en effet d'une façon très frontale à la peine de mort, ce qui à l'époque n'allait vraiment pas de soi.

Le procureur Maillard rentre dans son foyer en annonçant une bonne nouvelle : il a réussi à obtenir la condamnation à mort de l'accusé, ce qui n'allait pas forcément de soi, vu le manque de preuves. Il est chaudement félicité, mais ses ennuis commencent : le condamné, Valorin s'est échappé et il est dans sa maison. Très vite la situation se complexifie : Valorin reconnaît en Roberte, la femme du procureur Bertollier, et maîtresse de Maillard, celle avec qui il a passé la nuit où il était censé commettre le meurtre. Il tient son alibi, et comme il peut donner des détails très intimes sur Roberte, la chose ne fait pas de doute pour Maillard et risque de ne pas en faire aux yeux de la justice. Mais Bertollier et Roberte sont complètement opposés à ce que Roberte témoigne, par peur du scandale. Bertollier va donc trouver un autre coupable, aussi innocent que le premier. Roberte quand à elle, va engager des tueurs pour tenter de se débarrasser de Valorin. Ce dernier arrive à les maîtriser, et ils ont pu lui apprendre le nom du véritable assassin, qu'ils connaissent très bien. Valorin veut à tout prix que le faux coupable trouvé par Bertollier soit libéré et remplacé en prison par le véritable meurtrier Mais nos deux procureurs ne veulent pas en entendre parler : l'assassin est le protégé d'un puissant mafieux avec qui nos deux procureurs ont des accords lucratifs. Valorin les oblige à aller le voir avec lui pour essayer de lui faire lâcher son homme.

La pièce est très théâtrale, dans le sens où il se passe toujours quelque chose, l'action continue à avancer sur les chapeaux de roue, et il est difficile de prévoir où tout cela va nous mener. C'est tout de même un tant soit peu au détriment de la vraisemblance : le condamné qui s'échappe si opportunément et se retrouve dans la maison du procureur qui l'a condamné, où il retrouve le témoin clé dans la personne de la maîtresse du dit procureur, la façon dont il arrive à maîtriser les tueurs etc. En réalité l'essentiel est sans doute dans la thématique de la peine de mort, Marcel Aymé démontre son absurdité (puisqu'un innocent est condamné) et met en question le fait que certains puissent condamner à mort. Les deux procureurs sont d'anciens collaborateurs, corrompus, prêts à tout, y compris à envoyer à mort un innocent pour préserver leur réputation ou intérêts, ils n'ont aucune légitimité à juger les autres. La justice est plutôt vue comme un pouvoir aux mains d'une certaine classe qui en profites pour promouvoir ses valeurs et intérêts. C'est grinçant, mais relativement univoque. Les personnages sont là pour démontrer plus que pour exister vraiment. Une vision de l'humain très négative, même le vertueux Valorin est au final fasciné et prêt à beaucoup pour Roberte, dont il connaît pourtant l'absolue noirceur.

Ma première rencontre avec Marcel Aymé me laisse un sentiment plutôt mitigé.
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