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Critique de Presence


Ce tome contient les épisodes 1 à 6 de la série, parus en 2011/2012. Il s'agit du redémarrage de la série Wonder Woman après les événements de Flashpoint, dans le cadre de la relance globale de l'univers partagé DC, opération baptisée "The new 52". Dans les faits, Brian Azzarello recommence bien l'histoire de Wonder Woman à zéro et il s'agit d'un excellent point d'entrée pour tout nouveau lecteur ne connaissant pas le personnage. Pour mémoire, la précédente relance avait été effectuée par George Perez dans "Gods and Mortals" en 1987.

En haut d'un gratte-ciel à Singapour, un homme à la peau noir d'ébène et aux yeux sans pupilles régale 3 jeunes femmes de champagne, sur la terrasse à coté de la piscine privative. En Virginie rurale, dans une ferme, une femme revêtue d'un manteau de plumes de paon égorge un cheval à l'aide d'une faux, dans son box. de ces entrailles naissent 2 centaures belliqueux. Dans la maison attenante un homme très grand et élancé aux chevilles ailées enjoint Zola, une jeune femme, de partir. Elle saisit la clef qu'il lui tend et se retrouve, à Londres, dans la chambre à coucher de Diana, une autre jeune femme. Cette dernière revêt son habit de Wonder Woman et repart grâce à la clef avec Zola pour combattre les centaures et défendre le grand homme. Ensemble avec l'aide de 2 autres individus, ils vont tenter de comprendre dans quel imbroglio ils se trouvent.

Le lecteur est donc invité à (re)découvrir un nouveau personnage à partir de zéro. le premier constat est que ce tome contient une histoire qui se lit rapidement, vive et enlevée. le deuxième constat est que Brian Azzarello a inclus un dose d'horreur dans son récit. Ça commence avec la tête tranchée du cheval et ce qui surgit de ses entrailles, et ça poursuit avec d'autres phénomènes saupoudrés dans chaque épisode. Les illustrations de Cliff Chiang (épisodes 1 à 4), puis Tony Akins (épisodes 5 & 6) ne se complaisent pas dans les détails sanglants. L'un et l'autre ont un style plutôt réaliste avec une approche simplifiée des formes qui évite de surcharger les cases. Les horreurs dessinées se comprennent aisément et ne laissent pas de place au doute, mais le récit n'en devient pas gore pour autant ; ces passages sont mémorables, sans être à vomir.

Troisième constat, Azzarello distille les informations sur Diana d'épisode en épisode, sans forcer la dose. À aucun moment, les personnages ne s'arrêtent pour exposer longuement qui est qui, et quelle est son origine. Ces aspects sont intégrés à la narration et le lecteur les découvre un à un, petit à petit. Azzarello a repris les bases du personnage : tribu d'amazones vivant en communauté sur une île isolée et lien avec le panthéon de dieux grecs. Au fur et à mesure de l'avancée de l'histoire, le lecteur découvre qui est l'ennemi et le lien qui unit les amazones aux dieux. Il découvre l'origine de Diana en 2 pages, plus 1 autre plus loin dans le récit. Loin de tomber dans la redite, Azzarello a choisi de conserver ces 2 éléments et de modifier le reste. Et même pour ces 2 éléments il a opté pour une version des dieux assez personnelle, encore renforcée par l'approche visuelle de Chiang et Akins. Les 2 illustrateurs ont choisi une esthétique éloignée des standards des superhéros, y compris pour l'apparence des dieux. du coup dès ce premier tome, cette série bénéficie d'un ton unique qui la démarque franchement de la version de George Perez, mais aussi du panthéon grec à la sauce Marvel.

Le style de Cliff Chiang compte beaucoup dans l'originalité de cette série. Il a choisi de ne pas mettre en avant la plastique parfaite de l'héroïne. Il s'accommode du choix éditorial de DC Comics de conserver l'espèce de maillot de bain qui dénude ses épaules. Il a également conservé les étoiles sur le bas, et l'aigle stylisé pour le haut. Il a ajouté des petits talons sur ses bottes, alors que jusqu'alors la tendance majeure était à proscrire les talons peu pratiques pour la course à pied. Il a légèrement augmenté l'importance des bracelets et a ajouté un ras-du-cou, ainsi qu'un bracelet autour du bras gauche. Il évite soigneusement d'exagérer la taille de la poitrine de Diana. Tous ces choix conduisent à une héroïne plus crédible que d'habitude, et plus sérieuse. Azzarello a banni tout le discours pacifiste habituel, ce qui fait que le lecteur se trouve face à une jeune femme combattante avec un caractère bien trempé, et même violent (la main de Strife s'en souvient encore).

Brian Azzarello et Cliff Chiang ont joué le jeu du redémarrage complet du personnage en ne gardant que son apparence, le strict nécessaire de son origine et son lien avec les dieux de la Grèce antique. Pour le reste tout est à découvrir. le lecteur néophyte a donc la possibilité de se plonger dans cette série dès le début et de découvrir une série violente, brutale, avec une héroïne déterminée et qui va de l'avant, bagarreuse même. le lecteur ayant connu les précédentes versions se retrouve dans un récit prenant et rapide (parfois un peu trop) à découvrir une nouvelle version du personnage qui tient la route et propose une aventure divertissante. Manifestement Azzarello a un plan à long terme et une vision créative clair du personnage.
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