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Critique de Gruizzli


J'ai mis du temps à me procurer et à lire cette série, mais en définitive je ne regrette pas mon achat ! Déjà, parce que j'aime beaucoup ce que les auteurs ont déjà produit avec "Daytripper" ou L'Aliéniste, dans des scénarios réfléchis et qui prenaient leurs temps pour développer une histoire complexe.

Ici, c'est le même cas, puisque partant de l'histoire d'un roman, les auteurs vont prendre le temps de nous présenter la déchéance d'une famille à travers le combat que se livrent les deux frères. Cette famille est dysfonctionnelle, mais surtout elle représente un état d'esprit d'un certain moment. le père qui n'a pas voulu avoir d'enfants, la mère qui en voulait après la disparition de son père et en surprotège un, la fille qui ne se marie pas, le fils aimé par la mère et le fils qui réussit tout. Avec la servante d'origine amérindienne, le tout vu par le fils de cette servante, on obtient plusieurs personnages marquants et marqués, dont le déroulé de vie ne sera pas heureux, semble-t-il.

Le scénario s'enfonce dans un marasme progressif, suivant ces deux frères opposés qui se haïssent et se mettront chacun en travers du chemin de l'autre. Même si l'histoire est surtout une histoire de vengeance familiale, j'ai eu l'impression de vivre la disparition de certains membres de la population brésilienne. Ces immigrés qui sont arrivés avant la seconde guerre mondiale et dont les enfants seront déchirés jusqu'à leur mort semble un constat amer sur la population et les transformations de l'après-guerre. La maison qui finit par être transformée en casino en est un autre exemple assez parlant, à mon goût. Bref, on sent que l'auteur parle d'un changement sociétale et de rupture générationnelle : les parents ne comprennent pas leurs enfants et leurs querelles, mais ils sont aussi en décalage avec leur monde qui change.

Le dessin est fort sympathique, même si les jumeaux ont été assez souvent difficile à distinguer (volontairement d'ailleurs) en dehors de la cicatrice sur la joue. Mais il joue aussi avec quelques le noir et le blanc, donnant des ambiances à chaque page. On sent la folie, la violence, le mépris, la haine qui traversent les planches. Les décors ne sont pas très chargés, mais retranscrivent bien l'atmosphère de l'Amérique du Sud, avec ses maisons très reconnaissables. D'autre part, j'ai beaucoup aimé la façon dont le dessin transmet une grande partie des intentions des gens et de leurs échanges. C'est dans les regards transmis par les cadres, notamment, que toute l'animosité entre les deux frères passent. Comme sur la couverture, qui donne le ton de l'intérieur.

Bref, ce récit sombre et tragique, aux accents de tragédie grecque, est une très bonne BD. Je ne pourrais dire trop de choses dessus par peur de dévoiler les rouages de l'histoire, mais c'est le genre de lecture que je recommanderais !
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