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Critique de chachourak


On retrouve dans la bande-dessinée le même schéma narratif que dans le roman : l'histoire nous est racontée du point de vue de Naël, le fils de Domingas, la bonne de la famille. Il nous raconte l'histoire des jumeaux Omar et Yaqub en complétant ses observations des témoignages de sa mère Domingas et de Halim, le père des jumeaux.
Séparés à l'âge de treize ans, Yaqub est envoyé au Liban, terre des origines, alors qu'Omar reste au Brésil. Zana, leur mère, n'a jamais caché sa préférence pour le second, faisant de lui un enfant-roi. Lorsque Yaqub revient, cinq ans plus tard, elle est forcée de mesurer la conséquence de ses actes.

Petit bémol, certains mots-clés diffèrent du roman à la bande-dessinée ; Omar, appelé « Petit dernier » dans le roman, est désigné sous le nom de « cadet » dans la BD. le « poulailler des vandales », l'école à réputation modeste fréquentée par Omar et Naël, devient de même la « basse-cour des vandales ». Quelques phrases de la bande-dessinée m'ont même parues assez peu élégantes : le « Néanmoins, les enfants s'étaient installés dans la vie de Halim et jamais il ne se fit à cette idée. Néanmoins c'étaient ses enfants et il apprit à vivre avec, il leur racontait des histoires » me fait une impression bizarre et est pourtant très beau dans le roman de Milton Hatoum« Les enfants s'étaient immiscés dans sa vie conjugale, et Halim ne s'y était jamais fait. Mais c'étaient ses enfant, malgré tout. Il s'efforça donc de vivre avec eux : de temps en temps, il leur racontait des histoires (...) ».J'ai trouvé dommage que certains mots phares ne soient pas repris dans la BD (je trouve sympathique de les retrouver d'un format à l'autre, et les premières expressions étant pertinentes, les modifications semblent assez inutiles) mais je me demande si ce n'est pas ici à l'initiative du traducteur de la bande-dessinée.

Tous les éléments du récit original se retrouvent dans la bande-dessinée. Les frères (jumeaux eux aussi) Gabriel Ba & Fabio Moonont fait un travail incroyable pour concentrer les trois cents pages du roman de Milton Hatoumen 230 planches et tout en restant fidèle à la trame du récit original. Evidemment, des choix ont été faits pour que l'adaptation soit compréhensible -le personnage de Rânia, la benjamine de la famille, est moins développé que dans le roman par exemple, mais le rythme et l'atmosphère si particuliers au roman se retrouvent bel et bien dans la bande-dessinée ! Les dessins de Gabriel Ba sont parfaits, j'ai été assez étonnée de remarquer que l'image que je m'étais faite des paysages de Manaus et de la maison des jumeaux était particulièrement ressemblante aux dessins de la BD. A l'inverse de Daytripper, les dessins sont ici en noir et blanc mais cela n'enlève rien à leur charme.

Dans cette bande-dessinée, les auteurs ont définitivement rendu justice au roman de Milton Hatoum: la complexité de l'intrigue est rendue avec justesse et la tension entre Omar et Yaqub se fait bien ressentir. Elle croît tout au long de la bande-dessinée, puisant ses sources dans leur séparation et la fatalité qui entoure leur naissance, et atteint son paroxysme à la fin du récit. La fin est tragique mais est d'autant plus intéressante qu'elle nous permet de prendre conscience de la complexité du récit et des personnages : les choses ne sont ni blanches ni noires, les personnages ne sont pas soit bons soit mauvais.
Lien : http://ulostcontrol.blogspot..
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