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Critique de pencrannais


Un roman graphique de presque 280 pages pour raconter de façon ambitieuse l'avenir de l'humanité vu à travers deux intelligences artificielles. Un parti pris de le faire sans manichéisme et avec une petite touche de poésie.
Dans un futur proche, une entreprise de la Silicon Valley met au point deux IA, Carbone et Silicium à partir des connaissances de l'ensemble du réseau mondial. Ces entités font preuve dès le début d'un sens de l'humour qui les rend sympathiques et, déjà ; très humains.
Bientôt ils auront un corps connecté avec leurs mémoire qu'ils doivent transporter avec eux comme une valise à roulette. L'entreprise prévoit une obsolescence programmée de 15 ans afin de pouvoir vendre continuellement d'autres IA sous cette forme robotique bipède.
Les deux entités apprennent à se connaître et développent d'autres sentiments humains comme l'envie de liberté, la volonté de ne plus être prisonnier de ce lieu et de cette entreprise, de découvrir le monde.
Silicium, le robot humanoïde masculin, réussira à s'échapper lors d'un passage en Inde. Il deviendra nomade, avec pour but ultime de découvrir l'intégralité des beautés du monde. Carbone, le robot féminin restera d'abord « prisonnière » puis, grâce à l'action de sa créatrice, parviendra à transférer sa « personnalité » de robots en robots au fil des générations.
Les deux robots vont se retrouver, se reperdre, être confrontés sur près de 300 ans à l'évolution de l'humanité, et à celle des problématiques actuelles : l'attrait des réalités virtuelles, le dérèglement climatique, la surpopulation, les guerres, la fin des ressources naturelles et j'en passe. Pas de coupables, pas de messages, juste la lente évolution, générations après générations vers un abîme apocalyptique. Alors que Silicium continue de découvrir cette magnifique planète, l'humanité s'enfonce dans le chaos.
Et ce n'est même pas trop désespérant car, les robots sont justement là pour apporter non pas de l'espoir, ou si peu, mais de la poésie à ce crépuscule de l'espèce humaine. Les derniers chapitres de ce roman graphique sont à ce niveau là particulièrement réussis.
Cette vision du futur, très ambitieuse, est prenante et poignante. Elle est admirablement secondée par les dessins des paysages post cataclysmiques et des villes du futur, avec des couleurs justes et en même temps improbables. On reste souvent à admirer les cases, à repérer des détails révélateurs ou iconoclastes.
Le défaut, récurrent chez Mathieu Bablet, ce sont les visages des personnages. Ils sont moches. On pourrait penser que c'est fait exprès. Mais, même dans ses autres BD, c'était déjà le cas. Un très bon scénario, de très beau dessins de décors, de paysages, de construction, d'objets, mais les visages, c'est vraiment un point faible.
Alors on finit, comme à chaque fois, par non par s'y habituer, mais à passer outre. À les oublier. Ce qui, en passant, est le signe, que le reste est absolument admirable.
Et on lit ce roman graphique qui raconte une apocalypse qui dure 300 ans, avec un réel plaisir et une pointe d'appréhension sur notre propre avenir.
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