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Critique de Nastasia-B


Alors voilà : il y a des moments dans l'existence où, sans trop qu'on sache pourquoi, on se dit que c'est le moment, qu'il ne faut plus hésiter. Certains appellent ça se jeter à l'eau. D'aucuns, comme moi, appellent ça prendre du vent, se mettre le plastron bien en évidence, sans craindre le viseur braqué sur vous ou la lame vicieuse qui pourrait venir vous tutoyer l'aorte.
J'ai décidé d'écrire enfin une petite critique sur mon Jonathan Livingston le goéland, un livre que j'ai adoré, mais que j'ai lu il y a une vie, peut-être même n'étais-je pas moi-même à l'époque, mais une ébauche, une énigme incomplète.
C'est à dessein que j'ai décidé de ne pas le relire, pour ne rien faner, pour ne rien aplanir et d'en garder intacts les sucs indistincts qui baignent encore mes papilles de temps à autres.
Je vais faire aujourd'hui comme je le fais toujours avec mes élèves, qui sont bien trop petits pour lire Jonathan Livingston, je vais vous le raconter à ma façon.
Ceci n'est donc pas une critique, du moins pas dans le sens commun, ceci est une tentative d'écriture destinée à faire ressentir l'illusion que créa l'oeuvre en moi. C'est expérimental, c'est imparfait, c'est presque hors sujet. Mais j'avais déjà tenté le coup avec le bouquin de Kerouac, Sur La Route, et vous ne m'en aviez pas trop tenu rigueur.
Je sens qu'il est l'heure pour moi de prendre à nouveau ce petit risque…

C'est l'histoire d'un oiseau.
D'un oiseau blanc, tout blanc, comme des milliers d'autres oiseaux, bref un simple petit oiseau.
Un simple petit oiseau qui aimait voler.
Qui aimait voler pour le plaisir, simplement voler.
« Voler, lui disait-on, ça doit servir à quelque chose ! »
Quelque chose d'utile comme voler pour manger, voler pour avancer dans la vie…
« La vie a-t-elle toujours une utilité, demandait-il, ne peut-on pas voler pour voler ? »
« Voler pour voler, mais enfin, vas-tu finir par voler pour quelque chose ? » s'inquiétaient ses parents.
Ses parents, eux, volaient pour trouver à manger, pour dénicher un bel endroit où construire leur nid ou pour fuir la mauvaise saison.
La mauvaise saison approchait et les oiseaux, inquiets, commençaient à voler pour l'éviter.
« L'éviter ? s'étonnait l'oiseau blanc, mais pourquoi devrais-je quitter la mauvaise saison sans même la connaître ? »
« La connaître, c'est mourir !!! répondaient les autres, il n'y a rien de bon à la mauvaise saison ».
La mauvaise saison arriva bientôt sur le pays devenu désert et où seul restait l'oiseau blanc.
L'oiseau blanc regarda tomber la neige, blanche… toute blanche…
Toute blanche sur fond blanc, la silhouette de l'oiseau se distinguait à peine, mais il continuait de regarder tomber la mauvaise saison.
« Mauvaise saison, dis-moi, pourquoi es-tu mauvaise ? » demanda-t-il.
« Il ne faut pas croire tout ce qu'on te dit. »
« On te dit que je suis mauvaise…, expliqua la mauvaise saison, … mais la nature n'est-elle pas belle ainsi couverte de neige ? »
Couverte de neige, l'oiseau trouvait effectivement cette nature magnifique et il la survolait, les ailes dans le vent.
« le vent que j'apporte n'est-il pas le meilleur des vents pour ceux qui aiment voler ? »
Voler, qui était la grande passion de l'oiseau blanc, devenait un vrai bonheur pour lui en cette saison grâce aux grands souffles de l'air.
« L'air n'est-il pas plus pur à la mauvaise saison que quand il est pollué par tous les oiseaux ? »
« Tous les oiseaux disent pourtant que tu es mauvaise, rétorqua-t-il, pourquoi cela ? »
« Cela vient sûrement du fait que pour eux, je ne suis pas utile, ils ne peuvent pas profiter de moi, ils ne peuvent rien gagner avec moi. »
« Avec moi pourtant tu t'entends plutôt bien », constata le petit oiseau.
« Petit oiseau, si tu m'apprécies, c'est parce que tu ne cherches pas à faire quelque chose d'utile. Tu ne désires que voler, t'émerveiller, mais avec moi tu ne trouveras jamais la fortune. »
La fortune importait peu à l'oiseau blanc qui préférait voler.
« Voler est un plaisir avec toi, mauvaise saison, je veux rester avec toi tout le temps, voler loin et longtemps. »
Longtemps les parents espérèrent revoir leur enfant.
Leur enfant qu'ils imaginaient malheureux et misérable avec la mauvaise saison.
« La mauvaise saison nous a pris notre enfant mais c'était son destin, il ne savait rien faire d'utile, il ne savait que voler pour voler. »
Voler pour quelque chose d'utile étant la norme chez les oiseaux, ceux-ci revinrent s'installer dans le pays à la belle saison.
La belle saison avait vu naître beaucoup d'oisillons nés pour quelque chose, cette année-là.
Cette année-là, un petit oiseau était né, très curieux et demandait toujours à ses parents « Pourquoi ? »
« Pourquoi, demanda-t-il une fois, ne peut on pas voler pour voler ? »
« Voler pour voler, oh !!!, c'est une longue histoire, s'exclamèrent ses parents. C'est l'histoire d'un oiseau… »
« … Un oiseau blanc, tout blanc, comme des millions d'autres oiseaux, bref, un oiseau… »
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