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Critique de LesLusdeSo


J'ai entamé cette lecture en sachant d'avance comment j'allais finir. Au 36ème dessous. Mais qu'importe, la femme mais aussi la professionnelle de santé en moi avait besoin de savoir.
Je m'étends très rarement "en public" sur ma vie personnelle et professionnelle. Mais voilà, je suis infirmière, dans le pôle femme-enfant d'un petit hôpital de banlieue. Des histoires comme celle de Valérie Bacot, on en a beaucoup trop...
Des femmes, des jeunes filles victimes de violences familiales, psychologiques, conjugales, sexuelles, nous en recevons à la pelle. Nous les prenons en charge du mieux que nous pouvons, lorsque nous savons. Mais le système est encore trop peu sensibilisé, les gens trop peu formés. Mais il y a des signes qui ne trompent pas... Que feriez-vous si vous étiez témoin ?
Les mécanismes de la violence sont compliqués. Et je pense notamment à ma collègue Cécile, diplômée en victimologie, qui fait un travail remarquable auprès des patientes. Un travail éreintant, usant psychologiquement. Je me fais d'ailleurs un peu plaisir de lui adresser des patientes. Car c'est ce que je fais. Tenter de repérer et adresser aux personnes compétentes. Partagée entre la satisfaction d'être l'un des maillons aidants et le besoin de me protéger psychologiquement en donnant le relai, égoïste que je suis.
Avec cette lecture, j'ai tout fait sauf me protéger.
Le schéma du traumatisme, de la dissociation, de l'emprise sont très bien ancrés dans le récit. C'est dur, cru et surréaliste. C'est une vie de violence et de misère que malheureusement beaucoup trop connaissent encore. Une vie brisée, l'horreur et l'indicible dans un environnement familial délétère.
Ce combat m'a révoltée. Et beaucoup de questionnements ont traversé mon esprit pendant ma lecture. Comment agir ? Quelles sont les bonnes décisions ? Comment aider chacun à notre niveau ? Aurait-on pu éviter tout cela ? Comment comprendre et pardonner l'inaction et la négligence de tous ?
Valérie Bacot n'a pas eu la chance de croiser âme bienveillante. A aucun moment de sa vie de violence. Elle fait partie des rares femmes qui se sont sauvées elle-même, qui ont basculé pour protéger les siens. Elle fait partie de celles qui n'ont connu que malheur, dès le plus jeune âge, n'ayant aucun repère, aucune logique, aucune structure familiale équilibrée, le quotidien étant rythmé par la peur, les viols et la prostitution. Elle a connu la prison, pour avoir voulu sauver sa vie et celle de ses enfants...
Combien de femmes ne sont pas Valérie Bacot, ni même Jacqueline Sauvage ? Il y a 2 jours, 57 femmes sont mortes sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint, depuis le 1er janvier (Source noustoutes.org). Et aujourd'hui ?
Pour Valérie Bacot, le procès est passé. C'est désormais une femme libre et j'ai été contente du verdict, preuve que les choses avancent. Vient maintenant le temps de la reconstruction.
Je m'excuse pour ce gros pâté que je viens d'écrire mais cette réalité dont j'ai pleinement conscience m'a une fois de plus prise de plein fouet. Je ne peux rester insensible.
Je finirais ce retour en remerciant infiniment Babelio pour la masse critique et pour l'envoi.
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