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EAN : 9782213717180
208 pages
Fayard (12/05/2021)
4.39/5   169 notes
Résumé :
Tout le monde savait. Tout le monde se doutait. Beaucoup de gens avaient leur petite idée de ce qui pouvait m’arriver dans l’intimité du foyer. Les coups, la violence banalisée, les humiliations quotidiennes… Tous les invariables de cette vie qui n’en est pas vraiment une. Un jour, pour qu’il ne nous tue pas, je l’ai tué.

Depuis cette nuit-là, celle du 13 mars 2016, le sommeil ne m’a plus jamais trouvée.

Je pense à mon procès. Ces c... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (32) Voir plus Ajouter une critique
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J'ai entamé cette lecture en sachant d'avance comment j'allais finir. Au 36ème dessous. Mais qu'importe, la femme mais aussi la professionnelle de santé en moi avait besoin de savoir.
Je m'étends très rarement "en public" sur ma vie personnelle et professionnelle. Mais voilà, je suis infirmière, dans le pôle femme-enfant d'un petit hôpital de banlieue. Des histoires comme celle de Valérie Bacot, on en a beaucoup trop...
Des femmes, des jeunes filles victimes de violences familiales, psychologiques, conjugales, sexuelles, nous en recevons à la pelle. Nous les prenons en charge du mieux que nous pouvons, lorsque nous savons. Mais le système est encore trop peu sensibilisé, les gens trop peu formés. Mais il y a des signes qui ne trompent pas... Que feriez-vous si vous étiez témoin ?
Les mécanismes de la violence sont compliqués. Et je pense notamment à ma collègue Cécile, diplômée en victimologie, qui fait un travail remarquable auprès des patientes. Un travail éreintant, usant psychologiquement. Je me fais d'ailleurs un peu plaisir de lui adresser des patientes. Car c'est ce que je fais. Tenter de repérer et adresser aux personnes compétentes. Partagée entre la satisfaction d'être l'un des maillons aidants et le besoin de me protéger psychologiquement en donnant le relai, égoïste que je suis.
Avec cette lecture, j'ai tout fait sauf me protéger.
Le schéma du traumatisme, de la dissociation, de l'emprise sont très bien ancrés dans le récit. C'est dur, cru et surréaliste. C'est une vie de violence et de misère que malheureusement beaucoup trop connaissent encore. Une vie brisée, l'horreur et l'indicible dans un environnement familial délétère.
Ce combat m'a révoltée. Et beaucoup de questionnements ont traversé mon esprit pendant ma lecture. Comment agir ? Quelles sont les bonnes décisions ? Comment aider chacun à notre niveau ? Aurait-on pu éviter tout cela ? Comment comprendre et pardonner l'inaction et la négligence de tous ?
Valérie Bacot n'a pas eu la chance de croiser âme bienveillante. A aucun moment de sa vie de violence. Elle fait partie des rares femmes qui se sont sauvées elle-même, qui ont basculé pour protéger les siens. Elle fait partie de celles qui n'ont connu que malheur, dès le plus jeune âge, n'ayant aucun repère, aucune logique, aucune structure familiale équilibrée, le quotidien étant rythmé par la peur, les viols et la prostitution. Elle a connu la prison, pour avoir voulu sauver sa vie et celle de ses enfants...
Combien de femmes ne sont pas Valérie Bacot, ni même Jacqueline Sauvage ? Il y a 2 jours, 57 femmes sont mortes sous les coups de leur conjoint ou ex-conjoint, depuis le 1er janvier (Source noustoutes.org). Et aujourd'hui ?
Pour Valérie Bacot, le procès est passé. C'est désormais une femme libre et j'ai été contente du verdict, preuve que les choses avancent. Vient maintenant le temps de la reconstruction.
Je m'excuse pour ce gros pâté que je viens d'écrire mais cette réalité dont j'ai pleinement conscience m'a une fois de plus prise de plein fouet. Je ne peux rester insensible.
Je finirais ce retour en remerciant infiniment Babelio pour la masse critique et pour l'envoi.
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J'ai la nausée.
Je viens de le terminer et, en étant tout à fait honnête, je crois que c'est bien le seul livre que j'ai lu avec autant de difficultés.
J'ai même failli abandonner mais pour l'auteure, je me suis forcée à le terminer.
C'est insoutenable.
Tout le monde a entendu parler de cette "histoire", mais lire ce qu'elle a vécu est bien en-deça de ce que l'on peut imaginer.
Tout le plaisir de ce type était de faire du mal, encore et encore, à Valérie.
Une saleté. Une ordure. Un malade pervers.
Oui, il n'avait de cesse de la frapper, de l'humilier, de la détruire, de la violer, de la prostituer (d'ailleurs les scènes de prostitution sont insoutenables).
Oui, amis lecteurs, nous ne sommes pas chez les Bisounours.
Je ne sais pas bien quoi écrire, il n'y a rien à dire, il faut lire ce livre.
Ce qui m'a le plus marqué finalement, c'est cet acharnement contre cette femme.
Elle a tout vécu, tout.
Mais je pense que d'écrire ce livre à dû la libérer, la soulager.
Alors oui, bien sûr tout le monde savait.
Mais les gens sont des pleutres, c'est bien connu. Tant que ça ne les touche pas directement, ils ferment leur bouche. À double tour.
Beurk.
Déçue par la nature humaine.
Et il va falloir s'habituer, car l'ultra-violence est à nos portes, nos chambres à coucher, nos chambres d'enfant, nos voitures, nos écoles, nos cités.
Que Valérie se repose enfin, et surtout, et c'est ce qui va être le plus difficile, retrouver une belle image d'elle-même, pour remplacer cette image cassée, défigurée, et violée que cet "homme" lui a imposé.
Elle le mérite tellement.
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« Dès l'âge de 12 ans , Valérie Bacot connaît la peur et l'emprise auprès de Daniel, son beau-père , son violeur, puis son mari et proxénète.Elle raconte ici SA vérité, celle de la tyrannie quotidienne et de l'abandon . »

Je tiens tout d'abord à remercier Babelio pour l'envoi de cet ouvrage dans le cadre de l'opération masse critique !!!

Je ne connaissais absolument pas l'histoire de Valérie Bacot , j'ai visionné un court reportage juste avant l'ouverture de son procès pour en apprendre davantage sur son histoire , me familiariser rapidement avec son vécu .

J'ai donc suivi ce procès de très près , ce fut réellement une agréable surprise d'apprendre le verdict qui fut favorable pour cette femme qui a déjà tant souffert . LIBRE !

Mon Dieu ce que cette femme a enduré est juste terriblement atroce complètement inhumain!

Ce témoignage sincère & poignant , INDISPENSABLE qu'elle nous livre pour justifier son acte ( elle est humaine et regrette tout de même d'avoir ôté la vie d un homme )est totalement bouleversant !

COUPS /VIOLS /HUMILIATIONS /FORCÉE À SE PROSTITUER …

Elle fut la « chose « la proie « la victime « l'esclave « d'un monstre (totalement déshumanisée même un chien aurait été mieux lotis )je ne peux même pas qualifier « d'humain » l'horrible personnage qui lui a arraché une énorme partie de son existence …

Cet ouvrage m'a littéralement retourné le ventre ce qu'elle a enduré « par amour » pour ses enfants pour les protéger de leur « père « va au delà de ce qu'on peut imaginer !

Des violences physiques & psychologiques au quotidien , la prostitution, l'acharnement de ce fou sur les membres de sa famille continuellement , absolument personne sur qui compter ou qui se pencher pour confier quoi que ce soit personne qui pourrait proposer une échappatoire à ce calvaire …

La propre mère de Valérie elle même violente , alcoolique , dérangée une « affreuse bonne femme « sans coeur qui va livrer sa propre fille sans scrupules à son conjoint Daniel (le père biologique a quitté le navire rapidement il n'accorde aucune attention à ses enfants et son ex femme il se consacre exclusivement à son métier )

C'est bien simple , En lisant ce témoignage j'ai ressenti énormément de colère envers ces différents protagonistes coupables du malheur de Valérie : sa mère & Daniel en particulier , mais aussi les gens qui « savaient » et qui ignoraient superbement la situation la laissant aux griffes de son bourreau , la famille mais aussi les flics qui n'ont pas pris les différentes plaintes en considération…

Cette femme est peut être libre à présent , cependant elle sera à jamais traumatisée par une partie de sa vie sombre & dévastatrice !

Elle aura purgé une peine d'un an en prison , elle mérite plus que n'importe qui d'apprendre à vivre « normalement « se reconstruire avec ses enfants !

Sans EUX , elle aurait déjà abandonné je pense , car ils sont sa force, ils ont été sa bouée de sauvetage les seuls êtres qui lui ont donné de l'amour du courage , la force d'avancer , elle s'est battu formidablement bien pour eux ….TOUJOURS en pensant à eux à leur bien-être avant de sauver sa peau , une réelle maman courage !!!!

Je souhaite de tout coeur à cette petite famille de goûter au vrai bonheur car l'enfer ne les a pas épargné jusqu'à présent !

Au final ce témoignage est FORT BOULEVERSANT POIGNANT MARQUANT NECESSAIRE !

Terriblement fort en émotions , il nous prouve encore que les monstres peuvent être parmi nous ….

Cette femme a enduré 25 ans de calvaire , encore une autre victime comme Jacqueline Sauvage ou encore Alexandra Lange pour citer les femmes ayant un passif à peu près similaire et monstrueux ….
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Lire l'insoutenable...
Avant de commencer cette lecture, je me suis demandée si j'y arriverai. Une chose est sûre : il faut se sentir bien pour se lancer dans cette histoire.
Rien que le début est déjà saisissant, avec une enfance parsemée d'absences de tendresse, d'un père, d'amour... Que de manquements.
Au-delà de tout ce qui manquera à sa vie, il y aura tout ce dont personne n'aura jamais besoin, un quotidien riche en violences verbales et physiques, d'abus en tout genre.
Valérie Bacot livre ici son histoire, depuis sa non tendre enfance, où dès l'âge de 6 ans, son grand frère Christophe lui inflige un premier sévice. Un premier. Parce qu'ils seront très nombreux. Les suivants. Les pires. Ceux de l'autre. Et des autres.
"Tant que ça reste dans la famille, on ne va pas en faire tout un cinéma..."

Daniel. L'une des conquêtes de sa mère. Qui va rester. Malheureusement. Pour elle, il aurait pu être ce père qu'elle n'a jamais eu. Mais il a été tout le contraire. Ce beau-père s'acharnera sur Valérie, viols, violences et humiliations à répétition. Inimaginables. Et pourtant terriblement réels.
Il deviendra le père de ses quatre enfants, qu'elle aimera de tout son coeur et à qui elle voudra offrir une vie, la plus normale. Il n'en sera rien...
"Je me débrouille, ne pleure pas. Je ne ressens presque plus d'émotions, presque plus rien. J'ai l'habitude de mon malheur."

Daniel deviendra bien malgré elle aussi son mari, puis son proxénète. Comme si elle n'avait d'autre choix que celui d'adopter le nom de son bourreau. Elle le subira, pendant toutes ces années. de pire en pire. de plus en plus pervers. Jusqu'au jour du déclic, pour que tout s'arrête enfin... Elle appuiera sur la gâchette...

C'est si difficile d'écrire sur ce que je viens de lire. Besoin d'un temps pour peser et poser mes émotions. J'ai ressenti cette haine qu'elle ne laisse pas transparaître. Quand elle est passée à l'acte, j'ai eu ce sentiment de soulagement pour elle. Mais même après sa mort, elle le sent toujours présent. Son emprise persiste. Il rôde toujours et encore autour d'elle.
Valérie Bacot nous raconte, ce qu'elle a vécu et encaissé pendant trop longtemps. Son témoignage m'a prise à la gorge. J'ai lu son livre d'une traite, j'étais suspendue aux mots de ses maux. Quel courage ! Comme si elle quittait son corps pour faire abstraction de ses souffrances.
Valérie, je vous souhaite à vous et vos enfants une belle vie sereine que vous méritez amplement. Parce que non, ce n'était pas votre faute...
Ce fut une lecture sans respirations, ou très brèves le temps de lever les yeux de ses pages poignantes.

"La violence physique, à force, on peut s'y accoutumer. Les menaces verbales, les tortures mentales, c'est tout le contraire : elles me désintègrent, me foudroient."

https://littelecture.wordpress.com/2021/10/29/tout-le-monde-savait-de-valerie-bacot/
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On est quitte, chacun y trouve son compte. Un an de préventive pour avoir tué son monstre de mari. condamnée à quatre ans de prison dont 3 avec sursis, avec de larges circonstances atténuantes. A l'issue de son procès, Valérie Bacot sort libre ! Quel heureux dénouement pour celle qui avait la peur bleue de retourner en prison ! Et avec en prime, il n'y aura pas appel du jugement !

La société n'est-elle pas coupable alors au premier chef d'avoir laissé pendant 25 ans cette ordure sadique commettre toutes ses abominations sur tout ce qui lui tombait sous la main comme viande fraîche, puisqu'il semble démontré que tout le monde savait. Puisqu'il y a eu dysfonctionnements, puisqu'il n'y a pas eu un jour où le monstre ne présentât pas un risque pour la vie de Valérie Bacot. Que n'a-t-il pas fait pour ne pas la tuer dans le calvaire qu'elle a vécu ! La main de cette vermine préférait toucher les biftons de la prostitution. La légitime défense compterait-elle pour du beurre ?

Simulacre de justice d'une veulerie et d'une fumisterie
insupportables !..
PG, 26 juin 2021
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critiques presse (1)
Culturebox
23 juin 2021
La journaliste Clémence de Blasi a co-écrit avec Valérie Bacot le récit de son histoire dans un ouvrage intitulé "Tout le monde savait : un jour il m’aurait tué".
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
C'est avec ce même pistolet, dans ce même bois, qu'il apprendra plus tard à tirer aux quatre enfants qu'il m'aura faits. C'est avec ce même pistolet, mais dans une autre forêt, qu'un jour, pour qu'il ne nous tue pas, je l'ai tué.

À la première occasion, c'est sûr, nous partirons. J'en rêve toutes les nuits, et le jour aussi. Mais les semaines et les mois passent, sans que nous partions jamais.

Un soir, peu après, il entre dans la chambre sans frapper et ferme la porte à clef derrière lui. À son regard, je comprends immédiatement. Cette fois, je suis bel et bien foutue.

Je me laisse faire sans plus lui opposer de résistance, pour que ça aille plus vite, pour avoir moins mal. C'est comme si j'étais vide. Vide ou morte. Mon esprit s'en va loin, flotte quelque part au-dehors. J'attends qu'il termine et s'en aille pour réintégrer mon corps.

Chez nous, rien n'est jamais logique, tout se tait.

J'ai dix-sept ans, et m'apprête à devenir mère pour la toute première fois. Je le comprends, mais ne réagis pas vraiment. De toute façon, je n'ai pas le choix. Je suis complètement privée d'émotions.

Je dois :
M'occuper de lui d'abord
Décrocher immédiatement quand il appelle à la maison pour vérifier que j'y suis
Empêcher le petit de pleurer pour ne pas le gêner, même au téléphone
Baisser la tête, obéir sans discuter
Ranger, laver, cacher les jouets
Faire comme si Dylan n'existait pas.

Je ne dois pas :
Sortir sans le prévenir
Faire les courses toute seule
Travailler
Prendre une décision
Parler à des inconnus
Croiser le regard des hommes

Au fil des mois, j'apprends à faire attention à tout. Avec le temps, ça devient presque un réflexe, une seconde nature. Daniel veut que je sois à lui uniquement, que je fasse tout ce qu'il veut, comme il le veut, au moment où il le dit.

Je me débrouille, ne pleure pas. Je ne ressens presque plus d'émotions, presque plus rien. J'ai l'habitude de mon malheur.

J'encaisse, muette, et m'imprègne de ces mots en pensant qu'il a raison. Daniel sait mieux que moi, alors je le crois. Tout est de ma faute.

Parfois, je lui dis de me taper tout de suite, pour qu'on en finisse. Après ça, je sais qu'il sera plus calme, que la pression redescendra. J'apprends à m'endurcir, à serrer les dents. La violence physique, à force, on peut s'y accoutumer. Les menaces verbales, les tortures mentales, c'est tout le contraire : elles me désintègrent, me foudroient. Il est impossible de s'y faire. Elles me tuent à l'intérieur peu à peu : je suis là, mais toujours un peu absente. Détachée de moi-même, comme dissoute.

Ce qui est sûr, c'est que je n'ai jamais ressenti d'amour pour Daniel - pas une seule minute de ma vie, pas un seul instant. J'ai cru un moment qu'il pourrait me servir de père, mais je me suis trompée. C'était il y longtemps déjà. De toute façon, mon avis ne compte pas. Ce sont toujours les autres qui décident pour moi.

- S'il apprend que j'ai porté plainte contre lui, il va tous nous tuer.
Nous pensons tous la même chose. Parler, c'est bien trop risqué. Alors nous décidons de ne plus rien faire, d'abandonner le combat. De toute façon, personne n'est prêt à écouter. Pour nous, il n'y a pas d'issue - tout est foutu.

- Maman ?
Dans un souffle, je réponds seulement :
- Pardon, je l'ai tué...
Mes enfants se pressent autour de moi, me prennent dans leurs bras pour m'apaiser.

Je sursaute au moindre bruit, crois l'entendre arriver à chaque craquement. Il flotte dans l'air un parfum d'irréalité. Chaque fois que je ferme les yeux me reviennent les détails de la scène, par flash. Je suis hantée. Depuis cette nuit-là, celle du 13 mars 2016, le sommeil ne m'a plus jamais trouvée.

Ma mère m'a livrée à Daniel, alors que je n'avais aucun moyen de me défendre contre sa tyrannie. Elle lui a offert ma vie. La vie de son enfant, celle de sa propre fille. Pour avoir tenté de me protéger, c'est moi qui vais être jugée devant une cour d'assises. Elle, elle n'aura jamais à répondre de ses actes devant un tribunal. C'est injuste ; c'est ainsi.

Dans ma tête, Daniel est toujours bien vivant - je l'ai peut-être éliminé, mais il a quand même pris tout ce que j'avais. Je me sens défaite et vaincue. Je ne suis plus qu'une coquille vide : à l'intérieur de moi, il a tout détruit. Ne reste plus dans ma poitrine qu'un vide immense.

Si j'avais eu la chance de pouvoir m'appuyer sur quelqu'un, si je n'avais pas été si seule, j'aurais réagi bien avant. Et tout aurait été différent.
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Ils interrogent le rôle de ma propre mère, surtout : pourquoi a-t-elle laissé Daniel me violer pendant toute mon enfance ? Pourquoi n’a-t-elle jamais rien dit, alors qu’elle savait ? Pourquoi avoir insisté pour que j’aille le voir au parloir ? Pourquoi le laisser s’installer à la maison à son retour de prison, alors qu’il avait été condamné par la justice pour ce qu’il m’avait fait ? Pourquoi m’avoir chassée, quand j’étais mineure et enceinte de lui ? Ma mère m’a livrée à Daniel, alors que je n’avais aucun moyen de me défendre contre sa tyrannie. Elle lui a offert ma vie. La vie de son enfant, celle de sa propre fille. Pour avoir tenté de me protéger, c’est moi qui vais être jugée devant une cour d’assises. Elle, elle n’aura jamais à répondre de ses actes devant un tribunal. C’est injuste ; c’est ainsi.
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Quand il me vise avec l'une de ses armes, le plus souvent, je ne réagis même plus. Daniel jouit d'observer mon visage, de le voir se décomposer. Il guette chacune de mes réactions, comme un chien truffier. Un jour, avec sa carabine à plombs, il me tire dessus. Je ferme les yeux et j'attends privée du moindre réflexe. Je pense vas-y, tue-moi, comme ça tout s'arrêtera. Avant de me reprendre aussitôt : je ne peux abandonner les gamins, les laisser seuls avec lui. Le plomb se perd dans une porte du meuble de la cuisine, juste au-dessus de ma tête. Le trou est assez profond. L'envie d'en finir est si forte, certaines fois, qu'il m'arrive de regarder par la fenêtre en songeant : Si je me jette par là, je tombe chez le voisin, les enfants ne verront rien. Je n'en fais rien. Daniel jure de nous faire la peau de plus en plus souvent. Je dois les protéger coûte que coûte.
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Toit le monde savait, et personne n'a rien dit. Ni mon père, ni le reste de ma famille. La seule chose qui les préoccupait, quand je sombrais, c'était leur réputation. Ce que risquait de dire leur connaissance, au village. Personne n'a jamais pensé à moi.
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Ma mère m’a livrée à Daniel, alors que je n’avais aucun moyen de me défendre contre sa tyrannie. Elle lui a offert ma vie. La vie de son enfant, celle de sa propre fille. Pour avoir tenté de me protéger, c’est moi qui vais être jugée devant une cour d’assises. Elle, elle n’aura jamais à répondre de ses actes devant un tribunal. C’est injuste; c’est ainsi.
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