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Critique de ChatDuCheshire


Il faut replacer ce livre dans le contexte de la date de sa sortie: 1980. A l'époque cela ne faisait que peu d'années qu'en France les femmes disposaient de la liberté de contrôler les fruits de leur propre corps - par l'introduction de la loi autorisant l'avortement - et la croyance en l'existence d'un instinct maternel était alors encore tellement ancrée que l'idée de le remettre en cause apparaissait encore saugrenue, du moins de ce côté-ci de l'Atlantique.
Ce livre de Badinter fit donc le "buzz" à sa sortie, l'auteure s'attachant à démontrer que l'attachement de la mère à l'enfant dès la naissance n'est pas un donné "naturel" que, partant, la culture ne pourrait remettre en cause. Badinter rappelle notamment que, durant l'ancien régime, la mise en nourrice des enfants pour ne les voir revenir au bercail familial que vers 5-6 ans (souvent pour être immédiatement envoyés en internat) était largement répandue à l'époque et certainement pas limitée à la sphère aristocratique...
Aujourd'hui l'on peut évidemment reprocher à ce livre son côté jusqu'au boutiste. A trop vouloir rompre le cou au "donné naturel", entravant la liberté des femmes, Badinter déséquilibrerait la balance en sens inverse. de nos jours on a tendance à admettre le "subtil mélange" entre le "donné" naturel et le "construit" culturel, tant pour les hommes que pour les femmes. Ce faisant toutefois et à force de trop vouloir nuancer le discours une bonne partie de la population en vient à être larguée et retombe vite dans les vieux démons, et notamment celui du destin "naturel" des femmes à centrer essentiellement leur existence sur la maternité. Les idéologies rétrogrades, notamment religieuses, opérant leur grand retour aujourd"hui, en attestent.
Par conséquent ce livre de Badinter demeure pour moi un livre important, à lire quitte à se concocter son propre "dosage" ensuite...
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