Citations sur Les Chroniques de Nezubse, tome 1 : Le Sceptre Nythahâne (15)
Reclus dans l’infinité agonisante de l’astre, l’homme patiente sereinement.
Il attend que tout savoir soit en sa détention.
Par-delà flots et montagnes, dans les courants du temps,
Se méprenant sur sa nature propre, il distillera son impétueuse imagination.
- Il y a tout de même un problème : tu n’as pas de cheval.
La phaëne éclata d’un rire cristallin.
- Penses-tu sérieusement que j’aurais traîné tous ces sacs à pied ? demanda-t-elle, incrédule.
Puis, reprenant son sérieux, elle se concentra quelques secondes et ajouta :
- Ölan, mon cheval, est un peu plus loin, à la lisière du bois.
- Tu peux communiquer avec lui ?! s’étonna le jeune homme, impressionné.
- Ma connexion avec les animaux est assez médiocre, avoua-t-elle. Je parviens à détecter où il est, mais ne peux pas réellement échanger avec lui. Je suis bien plus douée pour communiquer avec les insectes, ajouta-t-elle avec un sourire.
Nous avons des devoirs et une certain éthique à respecter, mais nous n’en sommes pas moins humains. Nous avons également un cœur. Certains parviennent mieux que d’autres à le dompter, voilà tout.
Si tu es seul avec une fille, oublie tes instruments ou elle risque ne pas rester longtemps.
Le barde leur conta une histoire populaire portant sur les déboires d’un jeune paysan qui avait délaissé les prières aux esprits de la nature et ne cultivait plus ses champs que pour l’or que lui rapportaient les récoltes.
Les idoles, à l’origine de toute vie et sans lesquelles pas une pousse ne sortait de terre, n’appréciait guère d’être ainsi ignorées. Aussi, décidèrent-elles de le ramener à plus de raison et mirent-elles tout en œuvre pour que l’homme comprenne son erreur.
Le pauvre paysan avait beau se démener, faire tout convenablement pour que les champs soient fertiles, à chaque saison sèche le même scénario se répétait inlassablement. Il ne récoltait que des plantes rachitiques ou des céréales atrophiées.
Malgré tout, l’agriculteur ne se démoralisait pas et persistait, forçant les esprits à trouver de nouvelles ruses afin de lui faire comprendre qu’il aurait beau essayer tout ce qu’il voulait, seules les âmes de la nature pourraient réellement féconder et amener à maturité ses cultures.
Le récit portait sur les différentes manières qu’employaient les divinités pour mettre à mal ses efforts. Leur ingéniosité et la ténacité réciproque des protagonistes montaient crescendo jusqu’à la fin de l’histoire ou l’homme, devenu vieux et incapable de manier les instruments des champs, voyait alors l’inimaginable se produire.
A chaque saison, les plus belles récoltes poussaient dans son domaine sans qu’il n’ait rien fait. Ce fut alors, sur la fin de sa vie, qu’il comprit et accueillit les esprits comme de vieux compagnons qui, en fin de compte, ne l’avaient jamais abandonné.