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Critique de kedrik


kedrik
08 septembre 2011
Neuropath est un thriller qui se déroule dans un futur proche, le genre de futur pessimiste où l'Europe connait des émeutes suite à une période de froid provoquée par le réchauffement de la planète, Moscou a été à moitié rasée par une catastrophe et les USA sont dirigés par un Démocrate. Tandis que les médias et les forces de l'ordre sont à la poursuite du Chiropracteur, un tueur en série sanguinolent, le FBI vient frapper à la porte d'un professeur en psychologie pour lui demander de l'assistance sur un autre dossier. En effet, un individu ayant des connaissances en neurologie s'amuse en forçant d'innocentes victimes à faire des choses... étranges. L'agresseur entre littéralement dans la tête de ses victimes. Et ce n'est pas bien.

Disons-le franchement, l'intérêt de ce livre n'est pas dans son récit. Ce n'est pas un thriller particulièrement efficace. La narration n'est pas très enlevée, les relations entre les personnages sont très clichés (l'attraction entre le professeur et l'agente du FBI est insupportable de prévisibilité) et les révélations sont un brin téléphonées par endroits. Ce n'est pas mauvais en soi, c'est juste très classique, comme souvent avec les enquêtes du FBI romancées. J'ai tourné les pages pour avoir l'explication finale (avec un dénouement décevant par rapport à l'attente créée) mais je n'ai pas été happé par le récit ou hanté par l'horreur des situations.

Mais l'immense qualité de ce roman réside dans ses explications et extrapolations cognitives. Scott Bakker adopte une vision particulièrement sombre du fonctionnement du cerveau. Il balaye d'un revers de la main des notions comme le libre arbitre ou l'amour. C'est d'un cynisme consommé assez succulent pour peu qu'on apprécie ce genre de point de vue sur la nature humaine. L'Argument du livre est que tout ce que nous prenons pour de la conscience n'est qu'influx électriques, stimulis et réponses automatisées à des inputs. Et le pire, c'est que cette soi-disant conscience n'a aucune perception des mécanismes du cerveau impliqués. Autant les scènes de torture du livre ne sont pas particulièrement ignobles (enfin, pas pire que d'autres livres), autant cette approche très informatisée des processus cognitifs est dérangeante. Réduire les échanges sociaux à des outputs/inputs, l'amour/le plaisir/la morale à des réactions programmées dignes d'un programme en Basic, c'est paradoxalement plus angoissant que la description écrite d'un viol.

Bref, le thriller n'est qu'un prétexte pour philosopher sur la psychologie. du coup le roman prend la forme d'une introduction au cognitivisme. Bien évidemment, tout ceci est un jeu intellectuel pour l'auteur qui ne prétend pas que ses théories (basées sur des recherches actuelles) soient réalistes. Et le fait que Scott Bakker soit professeur de philosophie crédibilise un peu ces jeux de l'esprit.

Du coup, j'ai acheté les trois volumes de Prince of Nothing, sa série fantasy qui est très estimée par son compatriote Steven Erikson.

Edit : Scott Bakker étant ontarien, il a glissé une petite remarque dans son histoire qui se déroule aux USA. Ainsi, il décrit les Canadiens comme étant "des Américains qui se croient supérieurs aux autres". Une définition qui nous sied bien.
Lien : http://hu-mu.blogspot.com/20..
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