AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,94

sur 35 notes
5
8 avis
4
2 avis
3
1 avis
2
1 avis
1
1 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Le lecteur est dans un premier temps cueilli à froid par la sécheresse de l'écriture. Les phrases courtes, elliptiques, donnent au texte un caractère abrupt, qui écorche...

Il comprend tout de suite que "Le silence des rails" ne livrera pas de longues descriptions des faits. Non, "Le silence des rails" est un texte taillé au cordeau, constitués de mots que l'auteur nous jette à la figure, avec l'intention consciente de frapper l'esprit.

On apprend en quelques lignes la naissance du narrateur sur le quai d'une gare, son abandon, aussitôt, par sa mère, au milieu de la liesse suscitée par le retour des soldats du front. Puis c'est l'orphelinat, et les premiers attouchements avec des hommes, et enfin la liberté, à dix-huit ans, et la révélation de ce qu'il nomme son "inversion" (comprenez son homosexualité) lorsqu'il rencontre le beau et viril Jules.

Voilà, pourrait-on dire, pour l'introduction. Car l'essentiel est après, et l'auteur s'y attardera davantage. Sa plume aussi, d'ailleurs. Elle conservera dans l'ensemble sa concision tranchante, ses mots qui percutent, mais se fera en même temps plus poignante, plus lyrique, empreinte d'amertume, puis d'une détresse de plus en plus forte, qui confine à la démence.

Étienne, parce qu'il est homosexuel, est déporté dans un camp en Alsace, le Struthof, où ceux de son espèce sont surnommés "les culs roses". Il ramasse les déjections et déblaie la neige, sous la garde d'Ernst, plutôt complaisante, trop sans doute, puisque Ernst n'y survivra pas. Au Struthof, Étienne découvre vite que l'on vous fusille pour un rien. Il apprend à faire profil bas, à ravaler sa révolte, à occulter la signification de la fumée nauséabonde qui sort des cheminées, à survivre au froid et à la faim, aux humiliations...

Si Franck Balandier choisit, pour nous faire part de cette portion d'histoire, d'utiliser la fiction, il étaie son récit de détails issus de témoignages bien réels, qui rendent significative l'horreur vécue par les prisonniers du Struthof. Par la voix de son narrateur, il rapporte notamment les nuits au cours desquelles on entend quasiment tout le dortoir claquer des dents, car, tenaillés par la faim, les prisonniers rêvent de nourriture, ou l'indécence macabre de ce commandant qui utilise les cendres des morts pour fertiliser son potager.

L'écriture de l'auteur, puissante, bouillonnante, rend son héros palpable. Franck Balandier met son imagination d'écrivain au service d'une réalité indicible, et parvient ainsi à toucher le lecteur, en dénonçant l'intolérance et la barbarie des hommes avec autant de force que s'il nous avait livré une réalité brute. C'est d'ailleurs grâce à ses facultés imaginatives que son héros survit, en transcendant l'horreur par la poésie et la dérision, se détachant ainsi de l'état d'animal auquel ses geôliers voudraient le ravaler.

"Le silence des rails" est un texte à la fois beau et violent, court mais intense.
Lien : http://bookin-ingannmic.blog..
Commenter  J’apprécie          130
Je ne connaissais pas cet auteur. J'ai été agréablement surprise.
J'ai trouvé ce texte très beau
Ce sont de courtes phrases, ou quelque fois des mots deux trois ou un seul ;
Ils décrivent la vie d'un garçon qui nait sur un quai de la gare de l'est où sa mère meurt en le mettant au monde, après ce sont les orphelinats où la vie n'est pas facile, puis l'indépendance et la découverte de son homosexualité, puis c'est l'arrestation et le 22 juillet 1942 son départ pour un camp de concentration, le seul sur le sol français, Natzweiler-Struthof.

C'est un court roman (210 pages), le narrateur décrit sa vie de tous les jours, ses « rencontres » ou ses « contacts » avec d'autres « habitants » du camp mais qui ne sont pas des prisonniers. Il écrit à dieu, à sa mère, mais sans papier ni crayon, simplement dans a tête, il survit comme il peut jusqu' à la libération du camp en 1944.

C'est très émouvant et très poignant. Il n'y pas de descriptions horribles. Ce ne sont presque que des sensations, des émotions, mais c'est quand même très fort.

C'est vraiment un roman à lire
Commenter  J’apprécie          60


Lecteurs (78) Voir plus



Quiz Voir plus

QUIZ LIBRE (titres à compléter)

John Irving : "Liberté pour les ......................"

ours
buveurs d'eau

12 questions
288 lecteurs ont répondu
Thèmes : roman , littérature , témoignageCréer un quiz sur ce livre

{* *}