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Citations sur Harlem Quartet (25)

Il chantait pour Crunch -pour protéger Crunch et le faire revenir, et il chantait pour moi, pour me protéger et me faire revenir : il chantait pour sauvegarder l'univers. Et dans sa voix pénétra alors une douceur solitaire d'une telle puissance d'émotion que les gens en demeuraient pétrifiés, métamorphosés : il chantait leur amour et leur inquiétude, il chantait leur espoir. Avec son chant, il se confessait au public au pied du trône de la miséricorde et, tandis que sa voix s'élevait, il se savait racheté, aux mains d'un pouvoir plus grand qu'aucun sur terre. Son amour fut sa confession, son témoignage, son cantique.
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Je pense que chacun imagine que, lorsqu'il s'en va, le décor qu'il laisse derrière lui change, que son départ laisse un vide dans son environnement habituel. Le départ peut laisser un trou dans la vie de certaines gens, une blessure invisible; mais l'environnement fait aussi peu de cas du départ d'un individu que la mer de ses noyés. Le spectacle se poursuit, la musique ne cesse pas, personne ne manque une seule mesure. Les enfants continuent impitoyablement à être conçus et à naître; et, quand vous revenez, ils sont là et vous regardent avec leurs yeux qui voient tout - vous n'êtes pas de retour bien qu'ils viennent de naître, c'est vous les nouvaux arrivants.

Paradoxalement, cela signifie donc que chaque décor est nouveau. C'est la seule attitude à prendre, bien qu'il me semblât que chacun et toute chose au Jordan's Cat soient demeurés pareils à ce qu'ils étaient avant mon départ.
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Il n'avait jamais vraiment détesté la chambre jusqu'à aujourd'hui. Certaines nuits, lui et Crunch étaient restés étendus éveillés, fumant, avec pour seul éclairage la lueur de leurs cigarettes, et regardant les trains passer, heureux d'être ensemble et ne se souciant de rien d'autre. A présent le bonheur s'en allait, c'était tout ce qu'il savait : le bonheur se réenroulait comme un parchemin.
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Peut-être, après tout, n'avons-nous aucune idée de ce qu'est l'histoire : ou bien fuyons-nous le démon que nous avons appelé. Peut-être l'histoire ne se trouve-t-elle pas dans nos miroirs mais dans nos reniements : peut-être l'autre est-il nous-mêmes. L'histoire pourrait être bien plus que les sables mouvants qui engloutissent les autres et ne nous ont pas encore engloutis : l'histoire pourrait être en train d'essayer de nous vomir et de nous recracher. L'histoire pourrait bien être fatiguée. La mort, elle-même, qui engloutit tout un chacun, commence à être lasse - de l'histoire, en fait: car la mort n'a pas d'histoire.
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Les changements que certaines de ces vieilles chorales religieuses pouvaient trafiquer sur «La vieille croix rugueuse» te faisaient retenir ta respiration et tu la retenais jusqu’à ce qu’ils te fassent savoir que tu pouvais la libérer» - il se tourna vers moi et sourit, ses mains largement écartées – «tu sais, comme Billie Holiday et Bessie Smith qui peuvent laisser une note suspendue quelque part, pendant qu’elles vont à l’autre bout de la ville faire leurs courses, et revenir juste à temps pour attraper cette note et s’envoyer en l’air avec dans un endroit où tu n’avais pas la moindre idée qu’elles iraient – et t’emmener avec elles, c’est à ce moment-là que tu dis amen!»
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Cela ne pouvait pas être rêvé? Rêvé? Tous les enfants du shérif ne sont pas blancs, cette certitude se lisait dans tous les regards. Tous les enfants de ma mère ne sont pas noirs. Cette certitude, qui est la même, se lisait dans tous les regards, mais avec une différence.
Cette différence est la différence entre la fuite et la confrontation. Ou bien, si je puis m’abaisser à emprunter à un vocabulaire stupéfiant dans sa malhonnêteté absolue et désespérément sincère, c’est la différence entre être noir ou blanc (...) Pour eux nous étions noirs, un point c’est tout. Oh ! J’aimais peut-être rire, et peut-être aussi tenais-je à la vie, peut-être mes doigts étaient-ils capables de démonter un fusil ou de jouer du violon, peut-être aimais-je ma femme, ma fille ou mon frère, peut-être savais-je, moi aussi comme tous les hommes, que j’étais né pour mourir. Rien de cela n’avait d’importance, rien de cela ne pesait du plus fin des cheveux dans la balance, car j’étais noir. Si je ne pouvais pas opportunément mourir ou décemment sourire, ni travailler avec gratitude, alors il fallait m’emmener sur un lieu d’exécution, et laisser les chiens se régaler de mon sexe. Feu, air, vent, eau et, enfin, la terre et mes ossements : cela se résumait ainsi pour moi et les miens, et mon propre pays que j’aimais tant et que j’avais aidé à construire.
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Hier, Ruth, Julia et moi, nous étions les enfants: aujourd'hui nous sommes les vieux, et c'est ce qui arrivera à Tony et Odessa, Dieu le veuille. Ah! La vie peut bien être un champ de mais et un épi ressembler totalement à un autre, mais je préfère de beaucoup la labourer à plein corps plutôt que de m'y coucher dessus comme un croulant.
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La jeunesse doit être la pire période dans la vie de quiconque. Tout arrive pour la première fois, ce qui signifie que le chagrin, alors, est éternel. Plus tard vous serez capable de voir qu'il y avait quelque chose de très beau dans ce chagrin. C'est parce que vous n'avez plus à le vivre.
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C'était dimanche soir. Il sortirait - elle espérait qu'il sortirait, qu'il ramasserait une bonne femme et qu'il ne reviendrait jamais. Mais il reviendrait. Soûl. Il s'affalerait dans son lit à elle, la suffoquant de son haleine, lui brûlant le visage de ses larmes. Elle subirait les caressez qu'elle redoutait et auxquelles elle avait fini par s'abandonner avec le sentiment d'être une chose qui se débattait au fond de la mer. Ses jours et ses nuits étaient drogués. De tout son cœur elle souhaitait s'enfuir - elle ne pouvait pas bouger.
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Pour la première fois, je m'interrogeai sur l'amour et je me demandai si je trouverais en moi la force de donner l'amour et de le recevoir: d'accepter ma nudité comme sacré et de tenir comme sacré la nudité d'un autre. Car, sans amour, le plaisir se fane vite, se fait amer dans la bouche et à tôt fait d'épuiser ses inventions. Il faut qu'une âme existe à l'intérieur du corps que vous serrez, une âme que vous vous efforcez d'atteindre, une âme qui s'efforce d'atteindre la votre.
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