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Critique de PrettyYoungCat


Comme l'écrit Christiane Taubira dans la préface de cette réédition de 1963, "ce témoignage ne manquera pas d'attirer l'attention du lecteur qui en retiendra les qualités littéraires autant que l'importance politique."

Dans ce texte, James Baldwin ouvre une première partie par une lettre adressée à son neveu à l'occasion du centenaire de Emancipation. Il lui confie avec affection un avertissement sur la place qui est laissée aux Noirs dans ce pays, les Etats-Unis, - place qui est seulement celle où on vous permet d'être et d'aller - mais que, qu'importe le chemin à parcourir et les pierres qui pleuvront sur lui, sa place est celle de la liberté et de la dignité. Car ce pays est tout autant le sien.

Dans le second texte "lettre d'une région de mon esprit", James Baldwin jette un pavé dans la mare qui de sa vase boueuse sépare Américains noirs et Américains blancs.

Rappelons-le, James Baldwin n'était pas seulement un talentueux écrivain, mais aussi un activiste. Il a, avec un brillant sens oratoire, débattu de la question raciale - terme qui enfin de compte est impropre souligne-t-il, de par ce qu'il sous-tend de l'idée de races et de ce qu'il traite véritablement de questions sociétales - .
Bien que tout : la violence, les humiliations - et quand on parle de cela, il faut avoir en tête quatre siècles de servage, il faut avoir à l'esprit l'injustice, le droit de vie et de mort, les brimades, les coups, les injures, les lynchages, il faut avoir tant d'images barbares qui nous traversent pour savoir de quoi on parle - bref, bien que tout dans L Histoire des Noirs Américains les porte légitimement à haïr Le Blanc, James Baldwin exhorte à s'élever au-dessus de la haine et de la vengeance.
Il refuse la radicalité de ceux qui, déçus par ce Dieu blanc qui les a abandonnés, se sont réfugiés dans l'idée d'une suprématie noire (telle que portée par la Nation of Islam) qui contient les mêmes détestables théories que Le Blanc a pu baser sur le Noir.
Il fait à plus d'un titre référence au nazisme et met en garde la ligne commune des pros/néos-nazis avec ceux qui jurent par un Dieu noir : la séparation des races; l'ennemi étant pour chacun des clans dans l'Autre.
James Baldwin prône au contraire l'amour, ni naïf, ni infantile. Mais celui qui transcende les peuples par l'intelligence du vivre ensemble, côte à côte.

Voilà ce qu'en tout cas j'ai pu, en substance, recueillir comme message dans ce livre écrit parfois avec une force acerbe, qui tente de bousculer les consciences.
Je salue à ce propos la qualité de la préface, car le texte est tellement riche, tellement fort, et malheureusement encore terriblement actuel, qu'en faire émerger les principes les plus brûlants s'avère particulièrement ardu et délicat.

La prochaine fois, le feu sonne comme un avertissement mais a surtout pour vocation à secouer l'ignorance, à ébranler le socle des archétypes, et à bousculer l'ordre établi pour en appeler à la fraternité.

Je suis décidément admirative de ce grand Monsieur qu'était James Baldwin et je termine cette longue critique en soulignant que le fond est servi comme toujours par une merveilleuse plume riche et inspirée.
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