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Critique de visages


Nous voulons tout est un roman militant qui est construit comme un témoignage autour des événements politiques des années 70 en Italie.On suit le parcours d'un jeune homme du Sud qui émigre à Turin dans l'espoir d'y trouver une vie plus agréable en travaillant chez Fiat.Le discours est sans fioriture et, bien evidemment, volontairement cru et populaire.C'est en utilisant le langage de ce jeune ouvrier que N.Balestrini amène le lecteur à vivre avec son protagoniste la révolte intuitive qui l'habite puis son évolution vers une prise de conscience politique. Tant que cet ouvrier traverse ses déboires individuellement et se révolte intérieurement sans donner sens à ce sentiment récurrent , l'auteur emploie le "je" .Puis il passe au "nous" lorsque les revendications deviennent collectives. C'est dans le coeur même de l'usine qu'il va s'éveiller à cette prise de conscience: ce qu'il ressent,pense il n'est pas le seul à le vivre ainsi! Il partage avec les autres ouvriers ce besoin de vivre et non de survivre, et ce dégout du travail qui l'extenue et le coupe de la vie.
C'est un roman arrogant, violent,audacieux qui prend le parti de dénoncer bien davantage que les conditions de travail, puisqu'il s'agit d'une dénonciation du travail lui même qui doit être abolit puisqu'il est alienation et exploitation.A travers la lutte des ouvriers chez Fiat nous découvrons toute la puissance de l'autonomie assumée et revendiquèe et l'énergie déployée par les syndicats et la parti communiste italien pour y faire renoncer les ouvriers et casser le mouvement de révolte.Le mot d'ordre des ouvriers par la bouche du protagoniste est de ne plus jamais se laisser diviser: " les primes materielles comme le rendement,les catégories et caetera,pour l'ouvrier c'est la participation à sa propre exploitation" .On sort de l'usine le 2 juillet 69 pours'embraser avec les manifestants et devenir acteur d'une lutte terrible.
Ce n'est pas une lecture "peinarde" car son réalisme et sa structure plongent le lecteur au coeur de l'action et l'implique.Elle peut même choquer, dérranger,cela a été mon cas, non pas par le message politique mais par la forme de la lutte lorsque la violence devient omniprésente.Violence des ouvriers et de la population qui s'allie à cette lutte mais aussi et peut être surtout, violence policiaire qui se déploie en nombre et moyens rendant les force s asymétriques..
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