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Critique de SemiPhore


Lucien Chardon, qui se nomme dans la belle société Lucien de Rubempré pour faire oublier ses origines modestes, est un poète aux ambitions démesurées. Soutenu inconditionnellement par sa mère, sa soeur et son ami (et futur beau frère) David Séchard, il veut révolutionner la littérature, vivre richement et aimer les plus jolies femmes. le monde réel se chargera de lui faire perdre ses belles illusions de jeunesse.

Je ne m'étonne pas de la notoriété de ce roman, qui est incontestablement un des meilleurs De Balzac. C'est vrai qu'il faut s'accrocher sur un gros millier de pages. C'est vrai aussi que les digressions techniques chères à l'auteur, ici centrées sur le milieu du journalisme, de l'édition et de l'imprimerie, sont toujours présentes et peuvent parfois lasser. C'est enfin vrai, Lucien mérite quelques baffes et l'indulgence de son entourage envers ses fautes peut frustrer.

Mais les immenses qualités du texte en font facilement oublier les quelques frustrations, au point même qu'il se rachète par là-même où il semble pêcher.

Si on s'intéresse par exemple à l'horripilant Lucien, difficile de ne pas admirer la complexité de ce personnage, qui a les meilleures intentions du monde mais que sa faiblesse morale empêche d'être une bonne personne. Il est à la fois orgueilleux et honteux de lui même, naïf et menteur, affectueux et traitre, sans que ces différents attributs ne paraissent incohérents. Tous les personnages du livre sont d'ailleurs très bien développés, les plus intéressants étant souvent les plus "méchants". L'angélisme de certaines figures (D'Arthez, la soeur de Lucien...) a pourtant parfois une couleur un peu terne, mais heureusement ce ne sont pas les seules figures du roman. Comme d'habitude, on a le plaisir de recroiser des figures connues de la Comédie Humaine dont certaines prennent une couche supplémentaire de vernis.

Dés le début du livre on sait que Lucien ne réussira pas (le livre s'appelle quand même "Illusions Perdues"). le plaisir de la lecture vient alors de l'observation dans le détail des évènements qui font l'ascension brillante et la chute non moins éclatante du héros. Balzac nous détaille le plan des ennemis de Lucien avant que ce dernier n'en prenne conscience, nous laissant en savourer l'ironie dramatique. Et il ne se prive cependant pas de nous laisser voir tout ce que la situation peut avoir de faux ou d'horrible pour les personnes impliquées, souvent innocemment, dans les "exploits" de Lucien. L'intrigue est variée et parvient à surprendre même en en connaissant plus ou moins la fin.

Enfin, c'est un vrai plaisir de découvrir le monde de la presse et de l'imprimerie qui sont dépeints avec beaucoup de détails. le dernier tiers du roman se concentre d'ailleurs sur David Séchard qui tente de produire du papier peu cher, ce qui donne la possibilité d'entrer dans les détails très techniques de la fabrication de papier.

En conclusion, n'ayez pas peur du pavé, ce n'est pas une pierre angulaire de la littérature pour rien !
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