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Critique de fanfan50


Difficile d'évoquer son ressenti sur une oeuvre de ce grand écrivain du 19ème siècle. Résumons en quelques mots l'intrigue : c'est l'histoire d'un mauvais mariage dû à la faiblesse et à la vanité des parents entre une jeune fille de la bourgeoisie commerçante et un artiste de talent qui porte un nom aristocratique : le mari trouve sa femme sotte, la trompe avec une duchesse intrigante et elle en meurt de chagrin.
Pour la petite histoire, Balzac s'est souvenu avec quelque émotion du destin de sa jeune soeur Laurence que ses parents avaient poussée à épouser un noblaillon, M. de Montzaigle, qui la délaissa, chagrin dont elle mourut à 23 ans.
Dans ce roman, ce qu'il y a de neuf, c'est la découverte de la "vie privée" qui était un sujet fort peu traité à l'époque.
Un milieu familial est, pour l'auteur, un microclimat social qui a tout son atmosphère, ses coutumes locales, sa mentalité, son folklore. La maison, le mobilier, les vêtements, le ton, tout cet ensemble qu'on appelle "les moeurs" portent la même marque. Et ce gauchissement de l'être imposé par la famille est à la fois celui d'un certain milieu social et celui d'un milieu familial. Chaque animal a son terrier, chaque famille a, de même, son ambiance. le commerçant est ainsi un certain animal social, classable dans la zoologie sociale, et, en même temps, dans cette classe un animal particulier qui impose son pelage et ses couleurs à sa famille.
La vie sociale avait créé autant d'espèces d'êtres humains qu'il y a d'espèces chez les animaux. Un soldat, un homme de loi, un ouvrier, un commerçant, une femme du monde ou une ménagère, sont des êtres différents fabriqués par la société, vivant dans leur milieu, ayant un pelage, une démarche, un habitacle qui leur sont propres. Ces différentes variétés d'êtres humains proviennent de la spécialisation à laquelle les a condamnés la vie sociale qui modèle les types humains comme le milieu produit les formes animales. Décrire les moeurs d'une société et les types humains qu'elle produit, c'est donc faire une "histoire naturelle de la société". Ce fut un des principes de sa nomenclature sociale dont la Maison du chat-qui-pelote est une application typique.
Mais, en même temps, découvrir ce microclimat, c'est faire de l'histoire. Les moeurs patriarcales de la famille Guillaume dans la Maison du chat-qui-pelote sont un morceau du passé conservé intact dans le présent. Il faut les noter comme il faut se dépêcher de décrire leur boutique typique, leurs habitudes commerciales, la vie des apprentis qu'on leur confie : car tout cela aura bientôt disparu. Balzac est un archéologue du proche passé. Et ce qui fait le malheur d'Augustine Guillaume, c'est que ses parents n'ont pas su l'accrocher à ce passé tutélaire. Malgré leurs souliers à boucles, ils ont fait du modernisme, ils ont permis un mariage que leurs traditions auraient dû interdire. Ils paient cette faute contre eux-mêmes.
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