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Critique de Woland


Woland
14 décembre 2007
"La Peau de Chagrin" se fondant sur une intrigue fantastique, je croyais pouvoir y retrouver le Balzac que j'avais aimé dans "La Rabouilleuse." Mais non : ce n'est pas encore pour cette fois !
L'action se répartit en trois parties. Dans la première, un jeune inconnu sort d'une salle de jeux parisienne où il vient de perdre son dernier louis et se dirige vers les quais où il croise bien des misères. Désireux de se suicider, il entend cependant le faire discrètement, quand la nuit sera tombée. Désoeuvré, il entre dans un magasin d'antiquités où un vieillard qui semble surgir de nulle part lui propose un bien curieux talisman, une peau de chagrin raide et durcie sur laquelle, en un triangle inversé, est contenue une inscription promettant la réalisation de tous ses voeux à celui qui acceptera que, lors de l'ultime rétrécissement de la peau, la Mort vienne aussi le prendre.
Sans qu'aucune opération strictement financière ne soit intervenue, le jeune homme se retrouve dehors, avec la peau de chagrin, brusquement et inexplicablement devenue aussi souple qu'un chiffon, au fond de sa poche. Sur le trottoir passent justement trois de ses amis, qui le cherchaient pour le conduire au souper donné par le banquier Taillefer en l'honneur d'un investissement qu'il vient de faire dans un journal. On apprend alors que le jeune inconnu s'appelle Raphaël de Valentin.
Chez Taillefer, le souper sombre très vite dans l'alcool et l'orgie. Balzac restitue des dialogues d'hommes complètement ivres et gagnés par une incohérence absolue. Raphaël et l'un de ses amis, Emile, discutent avec deux prostituées, Aquilina et Euphrasia et c'est pour l'auteur l'occasion d'exposer ses propres idées - au demeurant très justes - sur la place laissée aux femmes par la société de 1830. Puis, Emile demande à Raphaël de leur expliquer pourquoi il voulait se suicider.
Commence alors une seconde partie consacrée à l'enfance et à l'adolescence de Raphaël, partagée entre une mère adorée mais morte trop tôt et un père distant, froid et qui rêve de revivre sa propre vie en imposant un destin d'homme politique au jeune homme. Mais le père décède, les créanciers mangent l'héritage et Raphaël se retrouve à Paris où il tombe amoureux de Pauline, la fille de sa logeuse.
Il fait aussi la connaissance d'Eugène de Rastignac, jeune fêtard qui lui présente la comtesse Féodora, très mystérieuse beauté dont Raphaël devient aussi complètement fou. Hélas ! Sa passion n'est récompensée que par une froideur quasi polaire qui le plonge au désespoir et l'incite à accumuler dettes et folies.
Le récit se termine sur le souhait, formulé in petto par Raphaël, de se voir une grosse fortune. de fait, le lendemain, il hérite d'un oncle. Mais quand il sort la peau de chagrin pour la regarder, celle-ci a rétréci.
La troisème partie découvre le jeune homme pour ainsi dire terré dans le luxueux hôtel particulier qu'il vient de s'acheter et où il tente de se faire oublier par le Destin. Mais quand Parroquet, son ancien professeur, vient lui demander de l'aider à trouver un nouvel emploi, Raphaël, sans réfléchir, forme un nouveau voeu et la peau de chagrin en rétrécit d'autant.
Le même soir, aux Italiens, il rencontre Pauline. Les deux jeunes gens tombent dans les bras l'un de l'autre et, avec une exaltation typiquement balzacienne, s'assurent mutuellement de leur volonté de se marier. La peau de chagrin ... etc ...
Fou de détresse, Valentin la jette dans un puits. Mais les domestiques l'y récupèrent. le jeune homme, en désespoir de cause, s'adresse même aux scientifiques de l'époque pour tenter d'enrayer le rétrécissement de la peau diabolique. En vain, bien sûr. Il décide de tout dire à Pauline et la jeune fille, comprenant que le désir de Valentin envers elle risque fort de le tuer, songe à se suicider. Mais Raphaël la poursuit, l'empêche de se suicider et meurt enfin à ses côtés.
Beaucoup de descriptions - celles du magasin d'antiquités par exemple - sont vraiment superbes : on ne les lit pas, on est dans le magasin, aux côtés De Balzac et de son héros. En revanche, le style ... le style est feuilletonnesque ; à certains moments, on croit lire du Ponson du Terrail. Grandiloquence, élans "sublimes", romantisme véritablement échevelé, tout y est. Sans oublier certains dialogues où - comme dans les feuilletons de l'époque et pour des raisons financières évidentes - il n'y a qu'un seul mot par ligne (mais un mot égalait une ligne ... ;o))
Quant aux personnages ... Eh ! bien, ils sont un peu trop romanesques pour mon goût, je l'admets.
Cependant, chez Balzac, en ce qui me concerne, c'est toujours sur le style que je bute avant tout. Les ridicules que j'y vois me font oublier la puissance et la beauté des idées qui s'y pressent. Je dois faire un effort pour continuer à les percevoir. Bref, c'est épuisant.
Mais ce qui me fait le plus enrager, c'est que je sais qu'il existe au moins un roman De Balzac où il n'a pas usé de tous ces procédés très XIXème. Or, s'il y en a un, on peut penser qu'il y en a peut-être un second, un troisième ... etc ... Quand les rencontrerai-je ? ... ;o)
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