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Critique de Lamifranz


Petite curiosité dans « La Comédie humaine » que ce roman. Balzac l'a intégré dans son grand oeuvre dans les « Scènes de la vie de campagne » (avec « Les Paysans » et « le Curé de village ») mais, bizarrement aucun de ses personnages n'apparaîtra ailleurs. Autre curiosité : parmi les personnages de ce roman, la grande majorité sont plutôt sympathiques, aucun n'a vraiment le mauvais rôle.
Nous sommes dans le Dauphiné, en 1829. le titre, « le Médecin de campagne » semble donner la préférence au personnage principal, le docteur Benassis, qui est l'âme du village. Mais le roman, en fait, est à deux têtes : le docteur Benassis a son double, le commandant Genestas, son invité, puis, peu à peu son ami. Chacun se découvrira à l'autre au point de révéler son secret le plus intime. Ce que les deux hommes apprennent l'un de l'autre constitue le fond de l'histoire :
Le docteur Benassis n'est pas seulement le médecin du village, il en est aussi le maire et le bienfaiteur. Adepte d'idées novatrices, il les a appliquées, apportant à ses administrés prospérité et richesse : nouvelles cultures, grâce à une meilleure irrigation, nouvelles industries, nouveaux commerces, meilleure salubrité publique, sans oublier les nouvelles structures communales : mairie, école, poste… Ses opinions politiques sont connues : c'est un conservateur (c'était le cas De Balzac à cette époque). Son credo, c'est l'ordre définit par l'autorité (la monarchie, en l'occurrence), la famille (le patriarcat, pour être clair) et enfin la religion. « Religion veut dire LIEN, et certes le culte, ou autrement dit la religion exprimée, constitue la seule force qui puisse relier les Espèces sociales et leur donner une forme durable ». le dévouement qu'il montre sans compter à ses concitoyens, c'est dans ce triple credo qu'il le trouve. Mais pas seulement…
Le commandant Genestas, qui se fait le faire-valoir du docteur, dévoile la raison de sa présence : il a recueilli l'enfant d'une femme qu'il a passionnément aimée (même s'il n'en est pas le père). Mais l'enfant est poitrinaire et il entend le présenter au docteur pour qu'il le soigne, et si possible, le guérisse. Puis l'amitié aidant, le docteur Bénassis avoue lui aussi son secret : tout le bien qu'il fait, c'est en expiation d'une faute commise dans le passé : il avait séduit une jeune fille, qui est morte, laquelle lui avait donné un fils, qui est mort aussi. Après avoir envisagé le suicide, puis le monastère, il a choisi cette troisième voie : l'action désintéressée au profit de ses concitoyens.
On le voie, le dévouement est le fil conducteur qui mène la vie des deux hommes. A la fois par christianisme, et par pure humanité. Il est rare de voir chez Balzac des personnages aussi pleinement vertueux.
Mais d'autres thèmes parcourent l'oeuvre : en particulier tout un chapitre est consacré à l'épopée napoléonienne, au travers du témoignage de deux grognards. La vie rurale est bien montrée, à travers des personnages typiques comme le braconnier Butifer, ou psychologiquement complexe, comme la Fosseuse, jeune paysanne mélancolique qui donne dans le mysticisme…
Roman insolite donc, qui a beaucoup de charme : un roman reposant, où il n'y a pas de turpitudes, pas de méchants, où les personnages vont dans le bon sens. Pour autant il n'y a pas de mièvrerie (personnellement, j'en ai trouvé plus dans « le Lys dans la vallée »), et nos personnages sont tout sauf des bisounours, leur part d'ombre les suit.
A lire en contrepoint des grandes oeuvres balzaciennes.
Pour le plaisir.
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