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Critique de MaujeanClement


J'ai finis de lire ce livre, mais n'ait pas encore complètement terminé d'en rédiger la fiche, je vais donc être encore amené à lire et relire cet ouvrage, je vous donne ici mon jugement "à chaud".

Modeste Mignon trouve parfaitement sa place dans les études de la vie privée, que Balzac destinait initialement à servir d'avertissement et de conseil aux filles et aux jeunes femmes sur les dangers à éviter dans le mariage.

A cet égard, ce roman clôt un cycle de quatre oeuvre: La maison du chat-qui-pelote, le bal de Sceau, les mémoires de deux jeunes mariées et Modeste Mignon. Dans l'ordre de la Comédie Humaine, Balzac va s'intéresser par la suite à un âge plus mûr.

On retrouve les thèmes qui lui sont chères, et qu'il développait déjà dans la Physiologie du mariage. Par exemple, le fait de se marier avec une femme laide pour éviter l'invasion du Minotaure (c'est à dire se faire tromper).

Cela me permet de dire une seconde chose sur la structure de ce roman : il est drôle. On rit des expressions bien trouvées ( La devise "Or et fer" ne fut jamais aurifère), des traits d'esprit que Balzac nous déploie avec effervescence dans ce roman. On sent réellement qu'il a écrit ce roman dans la joie créatrice, il en écrit 50 feuillets en un temps record, même selon le standard Balzacien.

Aussi, sentons nous en quelques sortes la tyrannie du lecteur: Balzac ayant le souci de plaire pour développer les thèmes sérieux qui lui tiennent à coeur, ne néglige aucun artifice pour satisfaire et séduire son lecteur. On le sait, aucune description n'est secondaire chez Balzac; mais Balzac le sait, personne n'aime lire de trop longue descriptions. Ainsi se donne il à coeur de les égayer du mieux qu'il le peut, je crois avec force réussite.

Les influences d'auteurs comme Walter Scott et Goethe sont aussi réels qu'assumées. Modeste aime appeler Butscha son "Nain Mystérieux" et sa soeur se nomme Bettina-Caroline.

Les personnages sont haut en couleur, les trois prétendants: le Duc d'Hérouville, Canalis, Ernest de la Brière sont ces types sociaux qui à eux seuls représentent le rang, le génie et la probité. Trois destinées dont Modeste doit discerner la meilleure. Elle le fera diront nous in-extremis, étant victime des défauts de la jeune fille courtisée, c'est à dire se croyant l'acteur principale d'une pièce où elle n'est que l'élément perturbateur. Elle à droit à une fin heureuse, comme il est assez rarement le cas chez Balzac. Cependant, il s'agit certainement de récompenser la pureté de la Brière bien plus que Modeste.

Ce roman permet de balayer toutes les catégories sociales : La noblesse, la bourgeoisie et le reste. Et l'on voit comment, et surtout pourquoi chacune de ces classes essayent d'affirmer son ascendant sur l'autre. Aussi à cette époque post napoléonienne, l'aristocratie est-elle condamnée à s'associer à la bourgeoisie et la bourgeoisie condamnée à essayer vainement d'imiter la noblesse.

C'est un roman qui fait interagir entre eux des milieux insolubles, la province et Paris, l'aristocratie et la bourgeoisie, l'âme romanesque et l'intérêt d'argent. Il permet en quelque sorte d'amorcer un début de transition vers de nouveaux sujets que va aborder la Comédie Humaine. Il clôt un chapitre et en entame un autre. Il serait vraiment dommage de passer à côté de ce roman fort essentiel.

PS: je ne comprends pas pourquoi, dans les illustrations et les dessins que l'on trouve de l'oeuvre et qui vraisemblablement représente Modeste, on la trouve toujours brune. Pourtant dans le roman sa chevelure est couleur d'or pâle. Blonde céleste avec des boucles à l'anglaise.
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