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Critique de Delta


Delta
18 février 2016
Dans ce roman, confondant parfaitement le réalisme du contexte historique dans lequel il se situe - accentué également par l'évocation d'un certain nombre d'artistes et d'oeuvres réels - on retrouve d'intrigants et mystérieux personnages imaginaires, dont le personnage éponyme.

Par son réalisme, l'oeuvre critique ouvertement l'embourgeoisement de l'art, la dégradation du Salon et indirectement la mort de l'art, soulignée par les nombreuses copies ratées de Grassou de Fougère. le Salon devient le lieu où le chef-oeuvre côtoie la médiocrité.

"Au lieu d'un tournoi, vous avez une émeute ; au lieu d'une Exposition glorieuse, vous avez un tumultueux bazar".

En effet on constate que la bourgeoisie est clairement ignorante, qu'elle aime la personne de l'artiste, la manière dont il est vu, son grade, mais ne comprend en aucun cas la subtilité et l'intérêt de l'art, au point d'admirer des pastiches médiocres. La naïveté de la bourgeoisie s'associe ici à celle du peintre, résultant de la richesse de Magus.

"Les tableaux magnifiquement encadrés avaient des étiquettes où se lisaient en lettres noires sur fond d'or "RUBENS Danses de faunes et de nymphes, REMBRANDT Intérieur d'une salle de dissection. le docteur Tromp faisant sa leçon à ses élèves". Il y avait une cinquantaine de tableaux, tous vernis, époussetés..."

Le nom même de Magus, l'usurier des toiles, peut laisser soupçonner plusieurs choses, fusion tout d'abord des noms du célèbre antiquaire Mage, ainsi que du fameux marchant parisien de l'époque nommé Susse. L'addition des deux noms démontre sa somptuosité de manière économique, mais également au sens global (magnus en latin signifie grand). On peut ajouter à cela un côté magique, n'oublions pas que Magus "transforme" mystérieusement les tableaux, et par sa capacité à les vendre se présente comme un magicien aux yeux de Grassou.

Grassou d'ailleurs clairement défini comme mauvais, lors de ces études notamment, mais il est entêté et déterminé, car ne voit pas d'autres moyens de s'en sortir. Ce peintre naïf n'a pas peur d'être critiqué puisqu'il continue inconsciemment de s'inspirer fortement d'autres artistes. Il est passif, ne dépense ni argent, ni énergie.

En bref, ce livre montre que la réussite n'est pas toujours liée à la performance et la personnalité mais à l'obstination et à la pitié. D'autres peintres intégreront l'oeuvre copiée de Grisou au Salon par exemple. Quoique le bonheur qu'apporte l'art à Grassou (argent, mariage, passion, honneur etc...) ne rivalise pas face au mépris des artistes réellement compétents.
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