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Critique de le_Bison


Un. Deux. Trois… J'ai compté, comme dans une fin de vie, d'ailleurs ma vie sent déjà la fin, un parfum de pisse et de mort qui colle à ma peau, le nombre de livres que j'ai lu de Russell Banks. Ce « Oh, Canada » fut donc mon dixième roman de cet auteur, à noter dans mon testament, au cas où, je les lègue à qui de droit ou à qui en veut, d'ailleurs j'ai déjà commencé le legs de certains d'entre eux. le testament de la rue Sherbrooke.

Il est encore beau, ce roman pas moi, d'une profonde tristesse, ce roman et moi, tout de même, mais c'est que je dois aimer profondément les romans tristes. Ils se conjuguent parfaitement avec mon regard, avec ma vie, avec mon verre vide. Fife, une perfusion dans le bras, est sur le point de passer l'arme à gauche. Grand documentariste au Canada, c'est dans son appartement de la rue Sherbrooke, avec un verre de rhum des Caraïbes et des pancakes au sirop d'érable, qu'il se confie à une équipe de tournage venu réalisé un documentaire sur sa vie. L'occasion de jouer cartes sur table avec sa femme ou avec Dieu. Les rideaux du salon sont tirés, Fife parle dans le noir, d'une voix tremblotante, même le liquide brun qui s'écoule de son verre tremble dangereusement au-dessus du canapé. Il s'est endormi ? Il est déjà mort ? Non, il respire, il fait une pause. Il souffle sa peine, son chagrin, ses remords. Dans cette pénombre, il se confie ouvertement à l'oeil de la caméra, à l'ouïe du magnétophone. Façon d'absoudre ses péchés. Ou de raconter à sa femme, son amour, le passé peu reluisant qui coule au fond de lui et l'a mordu tout au long de ces années. Un passé dont il ne peut être fier, un passé qu'il n'a jamais réussi à évoquer. Jusqu'à ce que cette caméra ne vienne le retrouver avant de s'éteindre et d'entendre du metteur en scène le fameux clap de fin.

On se regarde, tous. le caméraman, l'assistante, une jolie blonde au passage – d'ailleurs, si j'avais été plus jeune... -, sa femme. On se demande la part de vérité dans ce témoignage. La dose d'affabulations engendrées par la vieillesse, l'oubli ou la fatigue. Mais au final, peu importe, le documentaire sera monté, les gens découvriront peut-être une autre facette de Fife, de son parcours de Virginie jusqu'à la rue Sherbrooke, Montréal. Mais si on parle testament, on en induit souvent un bilan, bilan de carrière, bilan de vie, les mémoires d'un pauvre type ou d'un bison. Et ben, à toé j'vais te l'dire, ce « Oh, Canada », intègre les limites de mon top five de l'auteur et comme ce dernier fait partie de mes auteurs fétiches (encore heureusement avec 10 bouquins, je suis certes maso, mais pas au point de m'infliger à grande échelle des auteurs que je n'apprécie pas), j'en attends beaucoup de lui. Exigence élevée donc, exigence relevée pour ce « Oh, Canada ». Un grand bouquin.
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