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Critique de Chouchane


Imaginez une île au large de la Sicile : la mer bleue Méditerranée, le soleil, des chèvres qui courent sur les coteaux, des fleurs à foison, des grottes fraîches. Vous êtes à Castellamare où les seuls bruits sont ceux du ressac et des oiseaux car nous sommes en 1914 et sur cette terre ni voiture, ni électricité ne troublent la géophonie des lieux.

La maison au bord de la nuit est une saga familiale. Celle de la famille d'Amadéo, le médecin et de sa femme Pina, qui suit les méandres de la grande histoire. Elevé dans un orphelinat de Florence, Amadéo se passionne pour les contes, les légendes et les mythes qu'il consigne dans un carnet rouge. Après avoir traversé la sanglante guerre de 14, il débarque sur l'île de Castellamare à la demande du conseil municipal pour y soigner les habitants mais aussi les bêtes. Il y découvre un monde où légendes et réalité s'entremêlent étroitement. Les histoires fantastiques que les habitants lui content relatent les mystères propres de cette île : les pierres pleurent, la terre respire, dans les grottes des ossements blanchissent et la sainte Agata protège les habitants. Tout sera consigné sur son fameux carnet.
Pour ce sans famille, l'île devient sa terre d'adoption

Le récit démarre vraiment la nuit où naissent deux garçons comme des jumeaux. Tillio le premier fils d'Amadéo le médecin et Pina et Andréa l'unique fils du Comte et de la Comtesse Carmela. La destinée de ces garçons suivra 90 ans de l'histoire de l'Europe : la montée du fascisme, la guerre, le capitalisme, les crises financières. Mais dans cette île isolée (protégée, devrais-je dire) de la folie du monde, les ondes de chocs mettent un certain temps à se faire sentir. Elle vit à son rythme, jolie comme une crèche de santons, tout est à la taille d'un humain à pied. Les ruelles débouchent sur la place du village, les rochers sont des plongeoir vers la mer transparente, les petits métiers font vivre une communauté solidaire ; le pêcheur, la fleuriste, l'épicier, le maire, le tenancier du café, le médecin, la vieille sage femme aveugle, la sauvageonne qui saute entre les buissons... Personne n'a jamais faim, personne n'est vraiment pauvre, ni vraiment riche. Mais ce temps là ne durera pas.

Le comte un fasciste patenté va interdire à Amadéo l'exercice de son métier, la médecine. Ce qui conduira se dernier à racheter le bar abandonné du village "le café au bord de la nuit" ! c'est entre ses murs que se déroulera l'essentiel du récit. Avec Pina, Amadéo apportera à ce café une seconde vie. Ses 3 fils et sa fille Maria Grazia y passeront leur enfance avant que la guerre n'avale les hommes. Mais dans sa monstruosité, cette guerre rejettera sur les rivages de l'île un soldat anglais blessé, Robert qui influera à sa façon l'avenir de l'île.
Entre ceux qui partent et ceux qui arrivent l'île va voir débarquer la modernité, les voitures, l'électricité, des néons, un hôtel, une navette pour touristes et même une banque... On est saisi de tristesse quand on voit disparaître un monde simple et sincère sous les billets de banque. Pourtant rien n'était vraiment idéal avant l'intrusion de ce progrès mais la solidarité ne se négociait pas en euro.
On suit ces générations d'insulaires avec une pointe de nostalgie. On comprends ceux qui veulent absolument quitter cet univers clos et ceux qui ne pourront jamais s'arracher aux rivages lumineux de leur bout de terre. le seul reproche que l'on pourrait faire à ce récit est qu'entre deux drames, on retrouve des héros sans complexité, des relations humaines assez lisses mais ceci reste compensé par la dimension mythologique qui autorise les possibles même les plus improbables.
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