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Critique de Bobby_The_Rasta_Lama


"Amour, hélas, ne prend jamais qu'un seul M.
Faute de frappe, on écrit haine pour aime."
(Gainsbourg)

Faute de frappe, ou faute de naissance...
Qui sont ces "enfants du mal" ? Les chemins de nos vies peuvent être confortablement pavés, ou encore tortueux et sombres, avec leurs deux bouts - le passé et le futur - noyés dans l'obscurité. Même si on trouve assez de volonté et de lumière pour éclairer les tournants à venir, ceux du passé restent souvent tapissés de suie collante à l'odeur désagréable. Or, s'il y a une chose que l'on ne peut pas influencer, c'est bien notre naissance.

Les enfants du foyer des Lilas n'ont pas eu de chance. Tous nés vers la fin de la guerre, Capucine est une enfant abandonnée sur le parvis d'une église, la mère de Christopher a sombré dans une folie violente, les parents de Samuel n'ont pas pu supporter leurs souvenirs de l'holocauste, et la petite Lucie, réfugiée dans le mutisme, est une enfant abusée. Quelle est donc leur faute, qui provoque ce regard méfiant des autres, doublé de l'arrière-pensée que la pomme ne tombe jamais loin du pommier ?
Voici une des questions soulevées par Laure Barachin : quand on reçoit pour tout héritage un passé lourd, à quel point fait-il partie de nous ? le "mal" peut-il être héréditaire ?
Malgré leurs destins divers, tous ces enfants ont une chose en commun. Ballottés entre le foyer et d'une famille d'accueil à l'autre, ils ne demandent qu'à donner un peu d'amour, du moins autant qu'ils en sont encore capables, à celui qui voudrait bien en recevoir. Les candidats ne sont malheureusement pas nombreux, mais d'autant plus fort devient l'attachement entre nos quatre compères. Avant de quitter le foyer, pour le meilleur et pour le pire...

Le roman est conçu comme les mémoires de Capucine, destinées à sa fille Aurore : son passé devient ainsi un prologue à l'histoire d'Aurore, qui, elle, aura une chance de connaître le secret de ses origines. Celles de Capucine feront objet d'une ardue quête d'identité, en compagnie de Chris, son chevalier vaillant, tant de fois perdu et retrouvé. Sont-ils vraiment faits l'un pour l'autre ? Auront-ils enfin en peu de répit, dans ce monde féroce qui va avaler Lucie, qui va avaler Samuel, qui apporte tant de questions personnelles sur leur véritable valeur en tant qu'être humain, sur la vengeance et le pardon ?
Des archives violées du foyer des Lilas, en passant par les douloureux souvenirs et les révélations du vieux Mosché, le père adoptif de Sam, de l'Angleterre jusqu'à Ludwigsburg en Allemagne (avec son service spécialisé dans la traque des anciens nazis), Capucine trouvera ses réponses. Sur ses parents, mais aussi sur l'hypothétique "faute" qu'elle porte en elle. Car, pour citer l'humaniste S. Rougier, "la vraie faute, c'est quoi ? C'est de ne pas aimer, c'est de manquer d'amour ! C'est rendre l'autre malheureux, le juger, le condamner, ne pas lui permettre de s'épanouir, de s'accomplir."
C'est donc une faute qui devient tout à fait réparable, si on en trouve encore la force, grâce au soutien d'un autre.

Si j'ai beaucoup aimé le scénario très adroitement ficelé, j'avoue que j'étais un peu moins convaincue par le style. Pourtant, je ne saurais dire pourquoi... peut-être pas assez affirmé, ni assez surprenant, à mon goût ? L'histoire est écrite avec entrain et avec beaucoup de sincérité qui me touchent profondément, mais il se peut qu'elle soit un peu ambitieuse pour ses 180 pages, et de ce fait on a à peine le temps de digérer certains épisodes, ou de s'attacher vraiment aux personnages. Parfois j'ai trouvé que les dialogues manquent de naturel, que certaines situations sont résolues par un étrange deus ex machina, et que l'ironie n'est pas toujours employée à bon escient. Mais malgré ces réserves, c'était une agréable lecture, qui soulève beaucoup de questions importantes. Une lecture utile.
3,5/5, et un grand merci à Laure, conteuse passionnée et pleine de ressources !
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