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Citations sur Les enfants du mal (48)

J'ai gardé en mémoire chaque minute de notre captivité car ce sont les derniers instants que j'ai passés auprès des miens, de tous ceux que j'aimais et ça je ne peux l'oublier. Le 4 mai 1944 , un an et deux mois après le début de notre enfermement, nous avons revu le soleil par une belle matinée de printemps. Les oiseaux chantaient à travers la grille de l'aération quand ils ouvrirent la porte. Ils portaient des uniformes de S.S et hurlaient. Nous étions effrayés. Je serrai Anna et le bébé contre mon coeur pour que personne ne me les prenne. Émilie pleurait, elle n'avait pas un an... Sarah et Samuel ne faisaient qu'un bloc pendant que Jacob tenait fermement Maria et Schlomo par la main.

Un homme grand et blond au regard bleu se détachait de la meute en furie. C'était le chef. Il eut un rictus vicieux en lisant la peur sur nos visages et nous fit évacuer les lieux à coups de matraque. Il fut déçu car nous sûmes garder notre sang-froid, résignés que nous étions, abandonnés de tous, y compris de Dieu qui préférait mettre dans le ciel un beau soleil plutôt que de nous sauver...
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Tout être humain est libre de choisir entre le bien et le mal, vous y compris, loin des déterminations de l’hérédité. Vous êtes vous et non un mélange de caractéristiques de votre père et de votre mère. Votre existence sera ce que vous en ferez, vous serez ce que vous voudrez être. (page 231)
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Le foyer des Lilas ! Quel beau nom évocateur du printemps. Comment pourrait-on être mal dans ce lieu paradisiaque ? Et pourtant, je ne m'y sens pas à mon aise, même si je fais des efforts pour m'habituer. Je voudrais que Lucie se remette à parler rien que pour moi, pour me prouver qu'elle m'aime et qu'elle veut être ma petite soeur. Mais là aussi je suis déçue car elle se refuse à prononcer un son. Elle ne parle pas, ne pleure pas et ne rit pas non plus. Malgré tout, je vois que ses yeux sont expressifs. Elle a de beaux yeux bleus dans lesquels je peux lire toute la misère et la détresse qu'elle essaie de crier sans y parvenir. Je voudrais l'aider, ce qui me permettrait par la même occasion d'oublier ma colère envers tout le monde et personne, cependant je suis tout autant impuissante face à ses problèmes que face aux miens.
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Une lumière au bout du tunnel.
Il est difficile de traduire avec des mots une expérience qui relève de la foi - de l'imagination ou du délire, penseront certains. Cependant beaucoup de choses nous échappent. La vie et la mort ont-elles un sens ou bien le souhaitons-nous si ardemment que nous leur en attribuons un pour satisfaire notre soif d'idéal sans que ce soit fondé ? Il y a autant de réponses à cette question que d'individus sur Terre mais, quant à moi, je suis intimement persuadée qu'un principe qui nous dépasse et que nous ne comprenons pas existe. Dieu ? Le Bien absolu ? Le Mal absolu ? Les deux peut-être ? Ou quelque chose de tout autre.
Toujours est-il que, durant mon état comateux, je me rappelle avoir eu le sentiment de monter, de me détacher de moi alors que j'étais encore moi, de m'élever vers une source de lumière. J'ai senti cette lumière bienveillante à mes côtés et mon instinct me disait que Lucie était là, dans la lumière et que le monde de la lumière était celui de la paix, de la sérénité, du Bonheur... Celui qu'elle n'avait pas eu de son vivant.
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J'avais revêtu ma belle robe blanche aux manches longues et dépourvue de décolleté car nous étions au mois de novembre 1965 et la température extérieure n'avoisinait pas les six degrés. Elle avait un col dentelé et une longue traîne, tu la connais, je te l'ai si souvent montrée. Elle avait plus d'éclat à l'époque, elle était moins poussiéreuse que maintenant, enfermée dans le fond d'un placard telle une relique associée à un souvenir inoubliable. Je ne pourrais pas la remettre, j'ai perdu ma taille de jeune fille, elle ne te servira pas : si tu te maries, tu voudras ta robe, et pourtant, je ne peux pas envisager de la jeter. C'est un objet précieux et sacré.
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Depuis que l’enfer de la Shoah a été révélé, chacun d’entre nous sait que l’espèce humaine, si elle est capable du meilleur, est aussi capable du pire, de l’horreur absolue. Un être humain peut-être inhumain et alors il devient difficile de l’arrêter. Le Mal serait-il tout puissant ? Je veux croire que non puisque la Shoah a été stoppée. Il n’en reste pas moins effrayant. (page 249)
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Elles sont sorties du camp par la cheminée comme tant d’autres pendant qu’on me faisait le cadeau empoisonné de la vie… Est-ce une chance de survivre ou un fardeau, une punition supplémentaires ? Je ne suis rentré en France qu’en 1946, terriblement amaigri, squelettique, épuisé et déjà presque un vieillard dans ma tête à tout juste vingt-six ans. (page 143)
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Onze autre lettres étaient rangées dans la boîte. La dernière datait d'environ un an et demi en arrière. Les premiers temps, Chris avait écrit fréquemment. Une phrase revenait sans cesse, reflet de la peine qu'il avait éprouvée, et qui faisait écho à la mienne : "Pourquoi ne me réponds-tu pas ?" Il me racontait en détail son quotidien. Pendant que je lisais, j'avais l'impression de combler morceau par morceau un vide de six longues années, si cela était possible. Il me semblait que je me rapprochais, bien que lentement et partiellement, de l'ancien compagnon de mon enfance, qui avait été si cher à mes yeux.
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Comment peut-on encore croire en la bonté de Dieu et même en son existence quand on songe à cette infernale machine à tuer qui a été mise en œuvre sans que la Providence n’intervienne ? S’il n’avait dû y avoir qu’un seul miracle dans l’Histoire de l’Humanité, il aurait dû se produire au moment où un soldat nazi enfermait une femme et son bébé dans une chambre à gaz.
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L’action permet de rayer de la mémoire ce qui est source de souffrance et d’angoisse. Elle semble libératrice et salvatrice.
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