AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Ana_Kronik


Le livre commence fort, par une analyse implacable des causes de l'effondrement des immeubles de la rue d'Aubagne à Marseille (2018). On y apprend que l'un d'eux était déjà signalé en très mauvais état il y a soixante ans. Et que nombre d'édiles de la ville le savaient, n'ont rien fait, et, pire encore, certains ont acheté des immeubles insalubres pour les louer...

Quelle est la place de l'architecte aujourd'hui? Il n'est plus comme autrefois le concepteur, puis le maître d'oeuvre de bout d'une construction. Les bureaux d'études, les assureurs, les promoteurs, sans parler des normes, l'ont peu à peu dépossédé de ses responsabilités.

Les architectes vedettes en sont réduits à dessiner des monstres, des éléphants blancs, sans penser à leur insertion dans leur environnement, ni même à ceux qui vont utiliser ces bâtiments. Destinés à être contemplés, mais pas habités. L'auteur cite notamment le cas de la grande bibliothèque à Paris, qui contient une petite forêt encastrée et qui est interdite d'accès... et le cas le plus emblématique est probablement celui des "starchitectes" qui se mettent au service des milliardaires pour leur édifier des édifices afin d'abriter leurs oeuvres d'art. Bref, comme l'a explicitement écrit le journal Le Moniteur, à propos d'une tour dessinée par Jean Nouvel, il s'agit "d'objets d'art contemporain". Qui plus est, peu durables: on le voit avec le centre Pompidou, qui doit subir des travaux significatifs après seulement cinquante ans d'existence.

Ensuite, Olivier Barancy passe en revue quelques projets de 'villes du futur' dont on comprend qu'elles ne sont en fait que des projets spéculatifs et mégalomanes, telle NEOM en Arabie Saoudite... Il dénonce le mirage des écocités, la ville ne pouvant évidemment pas être écologique, et ce n'est pas en ajoutant quelques plantes vertes sur les toits ou les balcons, ou en mettant du bois plein de colle sur du béton, que l'on va résoudre la difficulté: comment faire une ville agréable à vivre? Qu'il s'agisse des vieilles capitales européennes ou des villes nouvelles sans aucune âme, il semble qu'il n'y ait aucune solution satisfaisante.

Pour ce qui est de l'architecture, Olivier Barancy plaide pour l'entretien, la remise en état des bâtiments existants, plutôt que pour de nouvelles constructions. Cela se défend, et certains architectes, hélas peu nombreux, l'ont déjà mis en pratique. On se souvient qu'en 2021, le prix Pritzker - le Nobel de l'architecture - fut décerné à deux Français, Vassal et Lacaton, spécialiste de la transformation et de l'amélioration de l'habitat existant. Il préconise aussi d'abandonner le tout-béton, construit d'une pièce, pour revenir à un mélange de matériaux et une structure poteaux-poutre, plus propice à permettre l'évolutivité des bâtiments.

Sur le plan de l'urbanisme en revanche, le bouquin se montre un peu juste, il se limite à laisser-faire, laisser les villes évoluer d'elles-mêmes, leur laisser le temps... Cela vaudrait-il dire qu'on ne peut pas penser la ville et son aménagement global? Laisser son évolution aux mains de qui?

L'intérêt de ce petit bouquin édifiant, concret et écrit de manière très simple, est aussi qu'il donne envie d'aller chercher d'en savoir davantage: s'informer sur la charte d'Athènes de le Corbusier, par exemple. J'ai aussi trouvé ce site web qui propose des articles fouillés et des points de vue éclairants sur le logement en France: https://politiquedulogement.com .
Commenter  J’apprécie          20



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}