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Critique de Chestakova


Yoann Barbereau réussit cet exploit de nous permettre de sortir de son livre avec un amour profond pour ce pays et ses démons. A l'image de Vladimir Vyssotski, de Boulat Okoudjava, qu'il évoque dans ses pages, l'auteur lui même se fait barde et poète pour rendre compte de la culture russe dans sa richesse, sa complexité, ses contradictions, ses mondes, et la Sibérie en est un, à part entière, et quel monde!
Celui des Tchouktches, des Evènes, des Bouriates, des Iakoutes, des Mansis, des Khantys, celui des chamans, des chasseurs, des chercheurs d'or, et celui des Zeks, à l'agonie infinie, au coeur des camps tapis dans la taïga comme des tombes. Ce monde à aussi ses bijoux: le Baïkal, l'air scintillant de ses hivers de cristal, la vie hors d'âge de ses golomyankas translucides et Irkoutsk, qui fascinait déjà Tchékhov, avec sa beauté funambulesque aux tons de vert opaline, de blanc lunaire, tâché des ocres et turquoises des volets de bois.
C'est pourtant là que le diable va frapper, tel celui de Boulgakov dans le Moscou des années 30. le FSB fourbit ses armes dans l'ombre, et la descente aux enfers pendant 3 ans sera rude: de la cellule 645 à la cellule 122, de la nef aux fous de l'asile, à la résidence surveillée puis au confinement dans l'ambassade de Moscou, jusqu'à la fuite.
Yoann Barbereau toutefois n'est pas seul, les mots et les voix l'accompagnent :
"Frères humains qui après nous vivez
N'ayez les coeurs comme nous endurcis
Car si pitié de nous pauvres avez
Dieu en aura plus tôt de vous merci".
Son livre nous en fait l'offrande, c'est par là aussi que j'ai pu partager ses souffrances et sa colère.
Un récit qui fait toucher du doigt la Russie de l'âme et celle des fers, l'une dans l'autre, indissociables.
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