AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de mfrance


Un roman, vraiment ? eh bien.... pour moi, non. Plutôt une succession d'évocations et plus précisément, la restitution d'atmosphères, D'abord, une brève, très brève évocation des années 60, années d'enfance de la narratrice, puis surtout celle des années 50, marquant le début de la prospérité en France. Années de la jeunesse de Madeleine, une jeune femme à la beauté discrète, ressemblant à Michèle Morgan, portant la toilette avec élégance, mais demeurant provinciale, mal à l'aise en société. Timide, impénétrable, car trop repliée sur elle-même, elle se marie, par amour (?) ou plutôt "pour faire une fin" et va suivre son mari au Cameroun où il travaille.
Changement de vie total pour Madeleine, qui se retrouve apeurée dans un milieu où elle se sent irrémédiablement étrangère..... mais, et c'est là le hic, le lecteur ne saura rien de ce qu'elle pense véritablement.

Car Madeleine va rester un personnage, que le lecteur ne découvre qu'à travers quelques photos, et les lettres qu'elle échange avec sa soeur. Ce qui est peu pour comprendre cette femme que nous connaîtrons seulement par le filtre du regard interrogateur de sa nièce, la narratrice ; et hélas, celle-ci n'a rien d'autre à proposer que le portrait d'une femme n'osant pas vivre, enfermée qu'elle est dans le carcan de la bienséance. Alors Madeleine devient une créature évanescente, presque fantomatique, en tout cas sans réelle substance !
Diantre, est-ce ainsi que toute femme vivait dans les années 50 ?

La narratrice est beaucoup mieux inspirée dans sa tentative de restituer l'ambiance coloniale où les blancs, peu avant l'indépendance, continuent à vivre presque comme à l'accoutumée ; on évoque mollement les quelques événements venant troubler le cours habituel d'existences confortables et émollientes, soulagées par les boys de toutes préoccupations domestiques, où l'on occupe les nombreux loisirs entre parties de bridge, réceptions, soirées dansantes, apéros dans les bars branchés de Douala, enfin la vie coloniale telle qu'on l'imagine depuis la métropole et telle que les colons eux-mêmes l'ont narrée.
Et dans ce microcosme très fermé les potins circulent et Madeleine, malgré sa discrétion ne manquera pas d'en faire les frais, les promenades en ville qu'elle ose faire avec une personnalité sulfureuse de la colonie, vont, bien entendu, faire marcher les mauvaises langues !
Qu'en est-il vraiment de cette discrète amitié ? nous n'en saurons rien !
Quels sont les désirs inavoués de Madeleine ? nous ne les connaîtrons pas !
D'ailleurs, désire-t-elle vraiment quelque chose, ou se laisse-t-elle seulement porter au gré des événements par le flux inexorable du temps ?
Seule, la nervosité dont elle fait preuve parfois laisse deviner son insatisfaction devant le vide de l'existence qu'elle mène !

Dominique Barbéris use d'une écriture suggestive et délicate pour n'exprimer rien d'autre que ... le néant, oui, le néant d'une vie sans projet, telle qu'apparaît la fade destinée de Madeleine.
Alors, on peut dire qu'il en est ainsi de toute vie, certes,... mais c'est faire fi des élans, des espoirs, des rêves que chaque être porte en soi et qui font cruellement défaut dans ce récit où ne transparaît aucune façon d'aimer !
Au final donc, une lecture agréable ... mais qui ne déchaîne pas l'enthousiasme.
Commenter  J’apprécie          170



Ont apprécié cette critique (17)voir plus




{* *}