Je voudrais commencer ce petit avis par une déclaration.
Une déclaration d'amour à la langue française.
J'aime son vocabulaire riche qui permet de s'exprimer de façon précise et avec tellement de nuances ; j'aime ses noms, ses verbes, ses adjectifs qui, bien utilisés, permettent de construire à l'infini des phrases enchanteresses.
J'aime ses conjugaisons, ses modes et ses temps qui nous offrent une incroyable palette : non, le subjonctif n'est pas ringard, même à l'imparfait ; non, le passé simple n'est pas un temps inutile !
Les différentes formes verbales me réjouissent par leur sonorité et leur beauté.
Ce petit préambule pour dire que j'ai adoré la langue que
Barbey d'Aurevilly a utilisée pour raconter son histoire.
On savait écrire au dix-neuvième siècle. Mazette, quel plaisir de lecture !
L'histoire semb
le a priori peu originale : un couple d'amants et une épouse encombrante. Une personne de trop.
Sur ce sujet usé jusqu'à la corde, l'auteur a pourtant réussi à faire du nouveau. Il adjoint au trio un médecin narrateur qui se retrouve moralement impliqué, et...
Et, rien du tout !
Vous ne pensiez tout de même pas que j'allais tout vous dévoiler, non ?
En tout cas,
Barbey d'Aurevilly a tellement bien réussi que son texte a choqué à l'époque de sa parution par l'immoralité des personnages et la complaisance de l'auteur.
"Dans ce temps délicieux, quand on raconte une histoire vraie, c'est à croire que le Diab
le a dicté..." peut-on lire en exergue.
Si vous voulez vous lancer, vous voilà prévenus : cette nouvelle est réellement diabolique !
Mais elle est divinement bien écrite. Alors, plus d'hésitations : vous y trouverez peut-être votre bonheur... même sans crime.