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Critique de Aela


Le livre de Christophe Barbier, qui vient de sortir, dresse un bilan des mesures prises face à cette grave crise sanitaire que nous vivons.
Selon lui, le pire n'est peut-être pas le nombre de morts, 70 000, à comparer avec les 150 000 personnes mourant du cancer chaque année, mais les conséquences liées aux politiques qui ont été menées. Politiques qui avaient un but louable, certes, de sauver des vies humaines et on peut dire effectivement que des vies ont été sauvées mais ce qui interroge ici, c'est la place qui va être laissée aux libertés et aux autres aspects de la vie humaine qui comptent: vie sociale, affective, culturelle à un moment où le soin de la vie biologique a pris le pas, semble-t-il sur les autres considérations.

Et pourtant il y a des bonnes nouvelles: l'affirmation d'un dessein européen, avec l'acceptation d'une dette commune européenne et l'achat pour l'Union européenne de vaccins, le taux de létalité réel (Infection Fatality Rate) a été estimé récemment à 1,15% par les chercheurs de l'Imperial College de Londres qui ont collectionné près de 200 études menées à travers le monde). Même pour les malheureux patients qui se trouvent en réanimation, le taux de mortalité est passé de 42 à 25% entre les deux vagues. Et surtout l'arrivée de différents vaccins, même si la distribution est encore problématique, éclaircit l'horizon.

Les progrès ont donc été réels ces derniers mois mais de nouvelles inquiétudes surgissent avec l'émergence de nouveaux variants dont on parle beaucoup.

Pour autant, Christophe Barbier regrette qu'aucun débat n'ait encore réellement eu lieu sur les conséquences de ces différentes mesures de confinement: à savoir l'arrêt même momentané de la vie collective ou productive conduit infailliblement à plus de chômeurs demain, plus de morts "économiques" (peut-être moins visibles dans l'immédiat que le nombre de morts du Covid annoncés chaque jour et moins sanctionnables certainement par un corps électoral marqué par une abstention non négligeable des jeunes...) et demain plus de dépressions... Se pose de manière cruciale le problème de l'avenir des jeunes qui devront faire une bonne partie de leurs études en "distanciel" avec toutes les conséquences que cela implique...

Il apparaît donc plus que nécessaire selon le journaliste, qu'un débat ait réellement lieu, à un moment où la vie politique semble prendre un tournant étrange avec un Conseil de Défense omniprésent et un Conseil Scientifique à qui on demande "l'aval" et non plus "l'avis", il est vrai que la peur des "risques juridiques", risques de poursuites, grandit aussi.

Babier pose la question crûment: Ne sommes-nous pas en train de sacrifier le futur, et notamment la jeunesse?
Il rappelle les prises de position courageuses du philosophe André Comte-Sponville qui déclare régulièrement se faire beaucoup plus de soucis pour l'avenir de ses enfants et petits-enfants que pour sa santé de presque septuagénaire.

Ce livre interroge beaucoup. Il n'a pas vocation à donner des solutions. Certes l'équilibre à trouver est plus que périlleux, entre l'économique et le biologique. Les tenants et les aboutissants sont complexes. Il convient selon l'auteur de ne pas raisonner seulement en termes de nombre de décès mais resituer les problèmes dans leur ensemble.
Et la place des jeunes et de leur avenir est une donnée à ne pas négliger.
Seront-ils prêts à travailler deux fois plus pour soutenir une économie endettée par les aides pendant les périodes d'inactivité forcée? Rien n'est moins sûr.... dans un contexte de mondialisation, ils pourront être tentés de partir travailler ailleurs..
J'ai beaucoup aimé ce livre, bien documenté, qui n'a pas la prétention de donner des conseils mais qui pose les problèmes et montre les conséquences de tel ou tel choix.
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