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Critique de Luniver


Plus d'un siècle après sa fin, la première guerre mondiale reste le symbole de l'absurdité des grands conflits modernes, amassant des dizaines de millier de soldats dans des tranchées boueuses et les obligeant à courir sous le feu des mitrailleuses pour gagner quelques dizaines de mètres, perdus dans la foulée après la réplique de l'adversaire.

Barbusse a fait partie de ses soldats, et s'est attaché à décrire leur quotidien plutôt misérable, à une époque où glorifier le courage et le patriotisme des troupes était la norme. Et force est de constater qu'il y a de nombreuses scènes qui frappent les esprits. La sortie des tranchées pour lancer un assaut et survivre au milieu de bombes évidemment, mais aussi les longues périodes d'ennui, les déplacements d'un point à un autre sans vraiment comprendre le but des opérations, le futur qui se limite à « survivre aujourd'hui, et pour le reste on verra plus tard ».

Frappant aussi,debout le contraste avec le monde civil. En permissions, les soldats redécouvrent des villes vivantes, des restaurants, des bistrots, des gens qui s'amusent, qui mangent sur une table et dorment dans un lit. Bien que reconnaissant qu'il faut aussi une bureaucratie, des usines et des champs pour mener une guerre, le quotidien de ces gens semble bien confortable comparé au leur, qui consiste à manger un ragoût indéterminé debout dans la boue, et à devoir trouver un coin un peu plus sec que le reste et se tasser pour dormir d'un oeil.

J'ai découvert Barbusse par Louis-Ferdinand Céline, qui déclarait que cet auteur avait un « début de quelque chose » dans son style, ce qui est un éloge dithyrambique de sa part quand on connaît ses relations avec ses contemporains. Et effectivement, on retrouve cette écriture proche du langage parlé dans les dialogues, avec ses abréviations, ses accents et l'argot des soldats. Cette écriture sert beaucoup à l'immersion dans le récit, et certains passages du livre sont vraiment suffocants.

Ce livre est un témoignage important sur ce qu'est vraiment la guerre, bien éloignée des discours enflammés de gens qui ne la feront eux-mêmes jamais.
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