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Critique de ValentinMo


Bien souvent les projets de voyages - et plus largement l'envie de voyager - naissent de nos lectures. Ce sont des romans, essais et autres ouvrages qui nous transportent vers un ailleurs, à tel point qu'on referme le livre avec l'envie d'aller voir justement cet ailleurs… Pour « Les chemins de Katmandou » de René Barjavavel, c'est tout l'inverse car cette lecture a été inspirée par la section « recommandations littéraires » du Guide du routard à l'occasion d'un tour du Népal plus tôt cette année.

En 1968, à l'heure des hippies et de la révolte étudiante, Jane, une jeune anglaise, choisit de quitter son pays pour un idéal : Katmandou au Népal. Elle part donc avec des amis en quête du bonheur, celui de vivre en un lieu dépourvu de contraintes. Elle veut vivre libre.

Olivier, un étudiant français, participe activement aux manifestions de mai 68. Déçu par le résultat de son combat, coupable de plusieurs agressions, il prend la décision de quitter la France. Son père, qu'il n'a jamais connu, vit à Katmandou, il veut lui demander des comptes.

Deux itinéraires, deux voyages, deux buts différents, mais aux portes de Katmandou, après de multiples périples de voyages, Jane et Olivier vont tomber amoureux. Ils seront confrontés à la désillusion. Là-bas, ils ne retrouveront rien de ce qu'ils attendaient.

Regard désabusé de Barjavel sur les illusions du mouvement hippie, l'auteur nous narre l'histoire d'une jeunesse en pleine révolution des fleurs, avec en point d'orgue les manifestations de Mai 68 : on suit les trajectoires de différents jeunes hommes et femmes qui se rencontrent, s'aiment, se droguent, s'épanouissent, plongent, pour finalement arriver (ou non) jusqu'à Katmandou.

Barjavel ne bascule jamais dans le jugement – on le devine même en profonde sympathie avec la motivation initiale des « voyageurs » - et ne leur reproche nullement leurs errements : ils ne sont pas responsables de cette incapacité à échapper à une modernité qui les a formatés. L'écrivain cherche davantage à déconstruire cette illusion qu'a été cette vaine quête d'un ailleurs vers le Népal, territoire libertaire aux mille dieux ou la fuite d'un présent douloureux est possible, cette épopée idéalisée par la génération des années soixante et le mouvement hippie.

Ce roman est vraiment ancré dans son époque, puisqu'il date de la même année que les événements qu'il décrit, mais se lit toujours tout aussi bien aujourd'hui tant le mouvement « flower power » nous est familier. Barjavel a très bien su capturer et rapporter l'ambiance mais l'état d'esprit qui régnaient à cette époque, que ce soit pendant Mai 68 à Paris, ou à Katmandou, ses paysages ou les mirages des paradis artificiels. Il n'épargne pas le lecteur en décrivant au plus près la misère, la faim et les excréments qui jonchent le parcours. La réalité épaisse, brumeuse, parfumée de senteurs lourdes tient davantage de l'enfer, que de l'univers idyllique attendu. L'amour y sombre, entraînant dans la mort l'espoir, la tentation de la rédemption et la fin heureuse.

Tendre et violent à la fois, ce voyage initiatique vers un père, vers l'amour, vers des idéaux, prend des allures d'« Illusions perdues » époque Peace and Love. Un récit dur, sans concession, sur fond de drogue et de libération sexuelle.
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